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 What if Billy was a humpback unicorn whale ? [Recueil de fics]

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Billy F. de Kerangal

Billy F. de Kerangal


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Date d'inscription : 13/06/2012

What if Billy was a humpback unicorn whale ? [Recueil de fics] Empty
MessageSujet: What if Billy was a humpback unicorn whale ? [Recueil de fics]   What if Billy was a humpback unicorn whale ? [Recueil de fics] EmptySam 20 Aoû - 17:40





Back to the futur
So goodbye my friend
I know I'll never see you again
But the love you gave me through all the years
Will take away these tears
I'm okay now
Goodbye my friend


Billy cligna des yeux. Il se sentait à l’étroit, beaucoup trop pour être dans son lit, même enroulé dans les couvertures et emprisonné dans les bras de Rick. Une faible lumière verte apparaissait et disparaissait à un rythme lent et régulier, sur sa droite, dévoilant momentanément des sortes de parois métallique. Il avait l’impression d’être dans une boîte de conserve, ou dans un cercueil high-tech. Comme le mutant sentait une arme étendue contre sa cuisse – de style kalachnikov du futur – il sentit son cœur s’accélérer. Ce pourrait-il que ?... Il l’attrapa et poussa assez sèchement la porte devant lui, qui lui semblait tout droit sorti de « son » passé. L’arme en main, il sortit dans une pièce où la lumière grésillait ; un néon, à moitié décroché du plafond, pendait dangereusement et quelques étincelles s’échappaient des fils ballants. Il y avait quelques taches rouges au sol – du sang ? – mais aucun corps. Cette pièce lui semblait familière ; elle le lui était, mais il ne l’acceptait simplement pas. Cela l’effrayait bien trop… Lentement, il pivota sur ses talons.

Ce fut le choc, la douche glacée. Son monde qui s’effondre et son époque qui le rattrape. C’était sa machine. Sa machine temporelle. Noire, comme une nuit sans lune, sans étoile et sans espoir. Celle qui l’avait expédié en 1996, qu’il avait mille fois maudite alors qu’il n’était qu’un voyageur seul et perdu, avant qu’il ne se mette à la remercier sans même le savoir. Cette cruelle machine lui avait offert ce qu’il n’aurait pu demander, espérer : une vie heureuse, une nouvelle famille. Et Rick. Surtout Rick. Son Rick… Billy cru que son cœur allait exploser. Si la machine, par extension, lui avait offert tout cela, elle venait brutalement de le lui reprendre. Comment ? Pourquoi ? Que s’était-il passé pour qu’il arrive ici ?... Il devait être sûr : restait un espoir, même maigre. Billy resserra sa prise sur son arme et se rua à l’extérieur.

New York, 2080 – plus ou moins. Bien sûr. Comment aurait-il pu en être autrement ? Habitué aux rues de la Grande Pomme, il courut jusqu’au Queen’s Hotel. Mais il n’y avait plus de Queen’s, évidemment. Il n’y avait plus de Rick – plus de maison, plus de famille mais surtout, il avait perdu son fiancé. A quelques semaines de son mariage ; depuis combien de temps attendait-il se moment avec une impatiente difficilement contenue ? Il s’appuya contre un mur et porta une main contre sa bouche pour ravaler ses sanglots. Il ne devait pas se laisser abattre tant qu’un maigre espoir résidait en son cœur – comme en son bracelet temporel. Quand l’avait-il remis à son poignet ?... Il devait renter sur le vieux continent. Aller en France… Ses jambes tremblaient alors qu’il tentait de maîtriser les larmes qui commençaient à couler. Bordel, que c’était difficile… Il prit quelques minutes pour se calmer – en apparence – et vérifia ses crédits. Il en avait tout juste assez pour utiliser un Téléporteur pour Londres. Pas le temps pour les aéronefs ou quelque autre transporteur : ça allait lui coûter un bras, mais tant pis. Il se dirigea d’un pas rapide vers le Centre le plus proche, notant d’un œil distrait que l’on parlait de la disparition du jeune volontaire Billy Félix Willcotts. Quel drame. Ah ça oui, quel drame qu’il soit de retour ici ! Il passa le bracelet au scan, accéda à une cabine et fit débiter ses crédits. Juste le temps de cligner les yeux, et les portes s’ouvraient sur le centre de téléport de sa ville natale. Il sortit précipitamment, et chercha un plan de la ville pour vérifier son chemin.

Tout se bousculait dans son esprit : il avait peut-être eu du mal à s’habituer au passé, où les voitures ne volaient pas (entre autre), mais à présent il n’en voulait plus. A vrai dire, il était plus probable qu’il ne veuille tout simplement pas d’un monde sans Rick, et qu’importe le monde. Plusieurs fois il faillit se faire écraser ou carboniser, oubliant de regarder en voulant traverser ce qui devait être des… Routes. Eh oui, vingt ans dans le passé font perdre bien des réflexes durement acquis dans le futur. On le regardait avec de gros yeux, lui et ses vêtements d’une autre époque, son arme contre sa hanche qui battait la mesure de ses pas. Voulait-il réellement rentrer chez ses parents ? Non, malgré son pas pressé. Il avait juste besoin d’eux pour aller en France. Il avait aussi besoin d’Eilis, il avait quelques mots à lui dire, mais avait peur de revoir Jackson. Il avait l’âge de ses parents, vingt ans de plus que son meilleur ami, son frère ! Et puis, il avait tiré un trait sur tout ça. Non pas qu’il ne les aimait plus, loin de là, mais il ne se sentait plus à sa place dans cette époque, et devinait qu’il se sentirait étranger au sein de sa propre famille.

Arrivé devant la porte de chez ses parents – il ne parvenait pas à penser « chez lui » – il se figea en voyant une adolescente, rousse, la peau verte, les yeux violets (un beau brin de femme), qui lui tournait le dos pour fermer la porte. « Raiya ? » : le prénom s’échappa de ses lèvres, profondément troublé. Quand elle se retourna, surprise, pour voir qui l’appelait, elle ne vit personne. Billy avait eut le réflexe de devenir invisible – une mutation qu’il bénit à ce moment. Il attendit qu’elle parte, faisant un pas sur le côté pour la laisser passer ; mais la mutante s’attarda un peu, murmurant son prénom. Elle savait qu’il pouvait se masquer à sa vue, et s’il pria pour qu’elle ne le trouve pas, l’intérêt qu’elle avait pour sa personne lui faisait chaud au cœur. Peu de temps avant son départ, elle l’avait quitté avec perte et fracas à cause d’un baiser que lui avait volé le capitaine de l’épique de Galactic Hockey. Comprendre qu’elle avait sans doute été plus blessée que lui et qu’il lui manquait… Le rassurait un peu, quelque part. Quand il rouvrit les yeux, relâchant son souffle, elle était partie. Il n’attendit pas plus longtemps pour réapparaître et s’engouffrer dans le salon. Ils étaient tous là – sauf Jackson, certainement en cours. Tous les regards convergèrent vers lui. Si ses parents ne le reconnurent pas immédiatement, Eilis savait très bien qui il était, et c’est pour ça qu’il la fixa, elle, en lâchant avec une colère à peine contenue mais surtout désespérée :

« POURQUOI JE SUIS LA ?! »

Ses mots résonnèrent dans le salon. Sa mère se leva soudainement, les larmes aux yeux, et s’approcha de lui pour le prendre dans ses bras en gémissant des : « Mon Billy, mon bébé ! » alors que, impuissant, il refermait ses bras sur elle. Son animosité n’avait pas disparu, et il n’avait que plus envie de partir… Mais Elisa restait sa mère malgré tout, et il la berça doucement. Du moins, jusqu’à ce que son père se lève à son tour et ouvre ses bras :

« Mon fil est de retour chez lui ! »

Ces paroles semblèrent faire l’effet d’un électrochoc pour Billy. Il repoussa sa mère un peu brusquement, avant de reculer de quelques pas et de s’évertuer à crier :

« NON ! Je ne suis pas chez moi ici ! Je veux rentrer chez MOI, en 2015, CHEZ MOI ! »

Il y eut un moment de silence dans le salon ; Eilis rangea son téléphone dans sa poche et dit doucement :

« Du calme, Billy…
- QUE JE ME CALME ? MAIS POURQUOI JE SUIS LA ? JE NE DEVRAIS PAS ÊTRE LA ! JE VEUX RETOURNER EN 2015, JE VEUX ME MARIER AVEC RICK, VIVRE AVEC LUI, ÊTRE HEUREUX ! » Il s’arrêta quelques instants, paniqué, perdu, et se mit à pleurer en demandant : « Tu m’as menti, Eilis ? Pourquoi, pourquoi tu m’as fait ça, pourquoi je ne suis pas avec lui ?... »

Sa marraine s’approcha doucement de lui, comme on s’approcherait d’un animal sauvage blessé, et réussit à le prendre dans ses bras.

« Je ne sais pas, mon grand. Je n’en ai aucune idée, mais je ne t’ai pas menti. Je t’ai vu te marier et vivre heureux aussi sûrement que je t’ai vu naître et grandir. J’ai des photos, si tu veux…
- Non.
- Non ?
- Non. Je ne veux pas voir mon « futur » tant que je n’ai pas perdu tout espoir de retourner de là où je viens. D’ailleurs, je dois aller en France. » Comme personne ne lui répondait, il se dégagea des bras d’Eilis et reprit d’un ton autoritaire : « Tout de suite ! Et je veux y aller par Téléporteur. Pas de transporteurs.
- Mais, Billy, tu sais combien ça c-
- Oui, je sais !... Il faut que j’y aille le plus vite possible. S’il vous plaît… »

Face au ton désespéré de son fils et à ses larmes qui séchaient à peine, Elisa coupa son mari en pianotant et tendant une carte au voyageur temporel. Billy la regarda quelques secondes, clignant des yeux.

« Eh ? Je croyais que tu étais pressé.
- ‘Man…
- Vas-y vite, et reviens. Y’a assez de crédit pour.
- Elisa !
- Tais-toi, chéri ! Vas-y, Billy.
- Je l’accompagne au centre.
»

Le jeune homme esquissa un sourire en se battant pour ne pas se remettre à pleurer. Revoir ses parents étaient plus dur que ce à quoi il s’était attendu.

« Merci, maman. Papa, le Willcotts de tes jeux d’argents, c’est moi. Merci. Je vous aime. Et dites à Jackson que lui aussi, il me manque. »

Il attrapa la carte, enlaça rapidement son père et sa mère et fila à la suite d’Eilis. Le trajet jusqu’au centre lui sembla durer une éternité mais, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il se retrouvait à Bordeaux, montait dans un taxi et arrivait au Manoir. L’anxiété enserra son cœur. Qu’allait-il y trouver ? Avait-il réellement envie de faire ça ?... Il prit une grande inspiration et alla se présenter. Une jeune homme lui ouvrit, et sa ressemblance avec Rick aurait pu être frappante si Billy ne connaissait pas aussi bien le corps de son fiancé. Assez frappante cependant, pour le troubler.

« … Excusez-moi… Je cherche Rick… Richard. » demanda-t-il dans un français qu’il jugea médiocre – l’émotion lui faisait perdre ses capacités linguistique.
« Vous arrivez juste à temps.
- Juste à temps ?... Je parle du pâtissier. »

Le jeune homme haussa un sourcil, et se décala pour le laisser entrer.

« Oui, je sais, puisque vous demandez Grand-Oncle Richard. »

Billy n’osa plus rien dire. Il monta doucement les marches, et se laissa guider. Il entra dans une chambre au rez-de-chaussée – il ne s’en souvenait pas, de celle-là – et son cœur se serra alors qu’il s’approchait du lit d’hôpital posé au centre de la pièce.

« … Rick. »

Sa voix s’étrangla dans sa gorge. S’il faisait le calcul, rapidement, il en concluait que Rick avait aux alentours de la centaine. Et il était toujours là. En piètre état, mais il était là. Billy pinça les lèvres, à la fois heureux et profondément triste. Quoi ? Il l’avait abandonné pour plus d’un demi-siècle… Il avait toutes les raisons du monde de s’en vouloir. Le manque de réaction de l’homme l’inquiéta, avant qu’il ne comprenne qu’il était aveugle. Evidemment.

« Billy ? »

Billy ferma les paupières. Fort. Il ne devait pas pleurer. Il en mourrait d’envie – cette voix, cet homme qu’il avait connu, aimé – qu’il aimait toujours ! Il posa ses mains sur les rebords du lit, et pris sur lui :

« C’est moi.
- Il n’y a que toi pour m’appeler Rick, ici. »

Sa voix était lente. Faible. Il fallait tendre l’oreille pour en comprendre tous les mots – et il parlait français, évidemment. Ses jointures blanchir légèrement.

« Je suis désolé… » il attendit quelques secondes, mais Rick ne lui répondit pas – sa poitrine se soulevait, faiblement. « Je suis désolé, je n’ai jamais voulu partir, je ne comprends pas ce qui est arrivé, Rick, je… Je… Rick ? »

Des hommes en blouses blanches entrèrent soudainement, attrapèrent le mutant et le tirèrent en arrière, alors que d’autre commençait à déplacer le lit. Billy essaya de se débattre, mais il était inexorablement entraîné en arrière :

« Non… Non ! Rick ! JE T’AIME RICK ! LAISSEZ-MOI ! NON !
- C’est fini, Bi’. »

A travers les larmes qui s’étaient mise à couler en abondances, il distingua la silhouette d’Eilis. Comment était-elle arrivée là ? Il ne se posait même pas la question – toute son attention était portée vers le corps sans vie de l’homme qu’il aimait.

« … Non ! » ce n’était pas possible. « NON ! » il ne pouvait pas être mort « RICK !
- Tout a une fin, Billy. Tout a toujours une fin, et c’est terminé.
- NOOON ! »

Son cri perça le silence. Il se redressa d’un coup, le cœur battant, les yeux pleins de larmes, et tourna brusquement la tête sur le côté, dégageant frénétiquement les couvertures.

« … Billy ?... » demanda une voix endormie.

Il n’en fallu pas plus au mutant pour s’accrocher au corps étendu à côté de lui comme s’il était en pleine mer et que ce fut la sa seule bouée. Il s’accrochait à Rick en sanglotant doucement, tentant de retrouver son calme, murmurant le prénom de son fiancé. Il finit par relever doucement le visage vers lui, et se caler contre son torse.

« J’ai fait un cauchemar… » murmura-t-il doucement pour qu’il ne s’inquiètes pas trop. « Mais ça va… Ça va… »

En vérité, ça n’allait pas si bien que ça. Mais Rick était là, il le tenait entre ses bras et ne comptait pas le lâcher de la nuit. Non, il n’allait pas le lâcher.
© Fiche de Hollow Bastion sur Bazzart




Dernière édition par Billy F. de Kerangal le Sam 20 Aoû - 17:41, édité 2 fois
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Billy F. de Kerangal

Billy F. de Kerangal


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MessageSujet: Re: What if Billy was a humpback unicorn whale ? [Recueil de fics]   What if Billy was a humpback unicorn whale ? [Recueil de fics] EmptySam 20 Aoû - 17:40





It's all my fault
Did you know I was longing to fly?
When you held my hand and you told me dont cry
I never thought I'd hear this good bye
But theres something I got to say
Before I turn away tonight


Billy avait quitté l’hôtel plus tôt qu’à son habitude, pour peu qu’il sortit du Queen’s. Ses principales occupations étant la gestion du palace et rester auprès de Rick, il ne s’amusait pas à sortir outre mesure, si ce n’était pour promener Ammy. Mais là encore, généralement, il était accompagné du français. A vrai dire, il était rare de ne pas les voir ensembles, lorsqu’ils ne travaillaient pas ; et encore, le patron du Queen’s venait souvent bosser à la pâtisserie de son cher et tendre. Pourtant, aujourd’hui, c’est les mains dans les poches, la tête basse et le pas pressé que le mutant était descendu au garage souterrain, avant que le pâtissier ne débauche. Quiconque le connaissait un minimum aurait vu qu’il n’était pas dans son assiette, qu’il semblait perdu, voire sur le point de pleurer.

Et pour cause. Les remords lui enserraient le cœur, lui agrippaient les entrailles, le congelait littéralement de l’intérieur, alors qu’il ne cessait de se battre contre lui-même, se disant tantôt que c’était de toute façon ce qu’il avait de mieux à faire, puis se morfondant qu’il n’était qu’un monstre et qu’en courant, il pourrait encore se rattraper. Mais ces dernières pensées, le rendant malade, lui donnait une impression d’égoïsme à son paroxysme. Aussi, il tourna la clef et le moteur et la Jeep démarra dans un vrombissement qui lui fit craindre qu’on ne l’entende. En temps normal, il ne s’en serait pas inquiété. Mais il avait en tête les mots qu’il avait griffonné sur un morceau de papier avant de partir comme un voleur – mots qui lui rendait l’existence insupportable, auxquels il avait dix fois voulu ajouter « je t’aime », avant de se raviser pour ne marquer que ;

Dearie,
Ne me cherche pas. Je pars en voyage d’affaire pour le week-end ; tu n’as pas besoin de savoir où, tu n’as pas besoin de m’appeler. Je suis désolé de n’avoir pas eu le courage de te dire au revoir de vive voix, mais j’ai craint que tu ne me fasses revenir sur une décision que j’ai mis du temps à accepter et qui est irrévocable. Je sais que ça à l’air d’un ultimatum, et je m’en veux de te chasser comme ça. Si tu as besoin de plus de temps pour faire tes affaires, je te l’accorde. C’est mieux que ça soit comme ça, qu’on ne soit plus ensemble. N’essaie pas de me faire revenir sur cette décision, je sais qu’elle est déjà assez insupportable comme ça. Ne garde que les bons souvenirs ; j’ai bon espoir qu’ils soient nombreux.


Billy



Les larmes roulaient lentement sur les joues du mutant. C’était pourtant lui qui avait écrit ses mots, lui qui allait briser le cœur de Richard – et pourquoi ? Pourquoi ce revirement soudain de situation, alors que tout allait pour le mieux, alors qu’il s’apprêtait à lui demander sa main, alors qu’il était fou au point de donner sa vie sans hésitation pour son français ? Mais rien n’avait changé, au final. Billy ne faisait que se sacrifier, et s’il ne l’avouait pas, s’il déguisait ce départ subit en une rupture, c’est qu’il ne voulait pas que les résolutions qu’il avait eu peine à prendre ne s’effondrent : il faisait ça pour le bien de Rick, dusse-t-il lui briser le cœur pour qu’il aille mieux ensuite. Et cette pensé le tuait à petit feu. Il ne saurait jamais qu’il avait ça fait pour son bien, il le haïrait sans doute, et Billy resterait enfermé dans cet amour si parfait, si idéal, cette relation qui battait son plein et qu’il avait avorté.

Parce que Rick devenait aveugle, et que le mutant était persuadé que c’était de sa faute. Il avait parfois du mal à contrôler sa mutation, et lorsque son petit-ami lui avait dit que, de temps à autre, il n’y voyait presque rien, ça lui avait sauté aux yeux. Il avait déjà remarqué que, parfois, Rick semblait ne pas y voir convenablement, mais… Lorsqu’il était rentré de chez le médecin en lui annonçant qu’il allait, à terme, perdre la vue, le confrériste s’était persuadé que sa mutation n’était pas étrangère à cela et qu’en s’éloignant de Richard, celui-ci guérirait.

Lorsqu’il se gara sur le parking d’un hôtel plutôt miteux, très loin du confort du Queen’s, il était environ à deux heures de New York. Rick devait être rentré à l’appartement, à présent. Il avait dû trouver sa lettre. Il devait se poser des questions, pourquoi, qu’est-ce qui a merdé ? L’imaginer perdu, peiné par sa faute ne faisait qu’accentuer son sentiment d’être un monstre. Il n’osait pas prendre son téléphone, ni même sortir de sa voiture ; ses doigts crispés sur le volant refusait de se délier, et ses yeux fixaient un point quelconque en face de lui. Il devait arrêter de penser, tout simplement. Ou penser qu’il avait fait le meilleur choix pour la santé de la personne qu’il chérissait profondément. Il devait assumer son choix, et arrêter de se sentir si mal s’il pensait avoir fait ce qu’il fallait.

Mais les messages et appels manqués de Rick balayèrent à nouveaux ses convictions. Pour peu, il redémarrait la voiture, faisait chemin inverse. Il voulait le rassurer ; « Dis-moi que tu plaisantes », mais oui darling, tout ça n’est qu’une blague de mauvais goût. « Chéri ? » « Billy ?! » « Réponds, s’il te plaît… » « Explique-moi… » « Reviens », oui je suis là, j’arrive, j’accours, je t’aime. Non. Mute – on coupe le son du téléphone, on résiste à l’envie de tout foutre en l’air et d’accourir se blottir dans les bras de l’être aimé. A qui on venait de crever le cœur.

Billy ne toucha pas à de la nourriture de la soirée, beaucoup trop perturbé pour ça. A vrai dire, il ne mangea quasiment rien du weekend, tiraillé entre l’envie de vomir quand il croisait son reflet, le sentiment d’avoir foutu en l’air toute sa vie, d’être passé à côté de l’essentiel, et le sentiment du devoir accompli. « Tu fais ça pour lui. », tentait-il vainement de se répéter en boucle, avant de se rendre compte que cela ne faisait qu’augmenter ses remords. Quand il rentra au Queen’s, il y avait en lui le fol espoir que Rick ne l’ai pas écouté, qu’il l’attende à l’appartement, même s’il serait accueilli par une belle droite. Il l’aurait mérité. Mais l’appartement était vide – beaucoup trop vide. Plus de petit-ami, plus de chien : juste lui et la réalité de ses actions qui lui revenait en pleine face, soudainement, alors qu’il se rendait compte à quel point il était seul sans son Richard. Perdu. Vain. Il n’en retrouverait pas un autre comme lui – mais il n’avait pas envie d’en trouver un autre.

Il voulait tout de même s’assurer que tout allait bien pour son ex-futur-fiancé, et il descendit à l’accueil où il trouva Heidi, jeune sourde qui travaillait pour lui et avec qui Richard ne s’entendait pas trop mal. Il d’abord fallu lui expliquer le fin de mot de l’histoire, puisque Billy avait pris sa décision dans le plus grand des secrets et que la jeune femme n’avait rien compris en voyant le pâtissier quitter l’hôtel, seul, et ne plus revenir. Il apprit ainsi que Rick était rentré en France, et il se hâta de remonter chez lui pour hacker les compagnies aériennes et savoir si tout cela était vrai. S’il avait tout simplement allumé son téléphone, il l’aurait su.

C’est ce qu’il fit, plus tard. La nuit était déjà tombée, sombre recueil à son désespoir. Il n’y avait pas beaucoup de messages ; deux. Mais la violence de ses remords combiné à celle de son attachement envoyèrent finalement toutes ses décisions à la poubelle. On dit souvent qu’on ne se rend compte de l’amour qu’on éprouve pour quelqu’un – ou quelque chose – quand on les perd, et Billy se demandait pourquoi cela devait faire si mal, comment on pouvait aimer autant. Et puis… Que risquait-il à l’appeler ? Il était en France, pas comme s’il pouvait débarquer ici du jour au lendemain… N’est-ce pas ? Il n’hésita pas plus longtemps.

Le téléphone sonna un instant, avant qu’on ne le décroche. Et la voix de Rick, légèrement rauque, le glaça sur place. Il ne dit rien : aucun mot ne passa la barrière de ses lèvres, tandis que le français lâchait un gros soupir et croyais a une blague.

« Attend ! » lâcha soudainement Billy, sortant de sa torpeur. Juste le temps de sentir une larme rouler le long de sa joue. « S’il te plaît… »

Ce fut apparemment au tour du français de se figer. Billy ne lui laissa pas le temps de reprendre contenance, de l’insulter ou il ne savait quoi encore, de lui raccrocher au nez, de lui demander des explications d’une voix suppliante ; il ne voulait pas entendre la détresse ; il ne voulait pas entendre la détresse de Rick, qui le ferait flancher, ni sa colère qui l’anéantirait. Mais, Billy, n’est-ce pas ce que tu as toi-même fait ?...

« Je suis désolé, darling… Rick, je pensais être plus fort que ça, je pensais que je pourrais survivre seul, que je pourrais supporter l’idée que me haïsse, mais c’étaient de beaux mensonges. Je… Il fallait juste que je te dise que… Putain je suis égoïste mais… J’ai fait ça à cause de…
- De mes yeux, c’est ça, hein ? »


Billy eu un hoquet de surprise, un geignement, et renifla, essayant de reprendre contenance. Prendre sur lui, ne pas se mettre à pleurer comme une madeleine. Mais, eh… N’était-ce pas ce que Rick faisait, lui aussi ?

« Tout est de ma faute… » articula le mutant d’une voix rauque. Il laissa quelque secondes s’écouler, écoutant les insupportables sanglots du français. « Ne me quitte pas, s’il te plaît. » lâcha soudainement Billy, avant de se rendre compte de l’absurdité de ses paroles. N’était-ce pas lui qui était parti ? N’était-ce pas l’hôpital qui se moquait de la charité ? « Je… Tes yeux, ma mutation… Je pensais qu’en partant, ça irait mieux… »

Il ferma les yeux, attendant la sentence. Il avait plus que craqué en appelant Rick, et il se maudissait profondément pour tout ce qu’il avait pu faire d’imbécile ces derniers jours. Autant dire qu’il y en avait beaucoup.

« Comment il faut te dire que tu n’y es pour rien pour que tu comprennes ? C’est une maladie, pas ta mutation.
- Je suis désolé.
- Billy…
- Je t’aime Rick, c’est pour ça que j’ai été aussi con. »



Billy n’avait pas attendu le lendemain matin pour acheter des billets d’avion pour la France, et n’avait pas attendu trois jours pour sauter dedans. Il n’avait même pas pris de valise, à peine un sac à dos avec quelques affaires de rechanges. Il n’avait pas attendu non plus de savoir comment Rick allait réagir en le voyant pour le prendre dans ses bras, se blottir contre lui, demander pardon encore et encore et promettre de ne plus jamais refaire de telles conneries.

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