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  [FICHE] ▬ Carron M. Blackwood •• “Avec son air très naturel, le surnaturel nous entoure.”

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Dukett
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MessageSujet: [FICHE] ▬ Carron M. Blackwood •• “Avec son air très naturel, le surnaturel nous entoure.”     [FICHE] ▬ Carron M. Blackwood •• “Avec son air très naturel, le surnaturel nous entoure.”	 EmptyJeu 15 Sep - 21:49


Carron Malcolm Blackwood
“La question charnelle est une sorcellerie.”

ft. Jude Law
# type : Personnage Inventé
# nom : Blackwood
# prénoms : Carron, Malcolm
# surnoms : Surtout pas "Caca"...
# age & date de naissance : 118 ans - 20 Octobre 1897
# lieu de naissance : Palm Springs - côte ouest des USA
# race : Humain - Sorcier
# groupe : Sorcier
# situation maritale : C'est compliqué (disons que si je touche quelqu’un il risque de finir déchiqueté, alors...)  
# profession : Dogsitter
# orientation sexuelle : Bisexuel
# autres informations : A perdu sa famille depuis longtemps ▬ Vit actuellement dans une maison au nord de Chicago
# anecdote 1 : Carron n'aime pas donner d'ordre à Jedikiah, même si celui-ci serait obligé de les suivre et que - parfois - ça éviterait certainement au Familier de faire des conneries. Il essaie de ne lui donner des ordres que si c'est réellement nécessaire (de son point de vue, c'est à dire : s'il panique / s'il pense protéger Jedi' d'un danger / le faire revenir s'il est parti faire la tête trop loin sans donner de nouvelles). A tel point que, parfois, on pourrait se demander lequel est le Sorcier et lequel est le Familier. Parce que Carron cède un peu trop souvent aux demandes de Jedikiah...

# anecdote 2 : Le "jeune" homme doit certainement être le plus grand frileux que la terre ait jamais porté. Pourquoi, d'après-vous, aime-t-il autant les cheminées ? Bon, d'accord, il est fasciné par les flammes, ce qui est bien pratique quand en plus ça vous réchauffe. Mais malgré tout, Carron adore aussi la neige. Par contre, il faut s'attendre à le voir rouler en boule dans un plaid (ou plusieurs) pendant quelques minutes après être rentré.

# anecdote 3 : S'il adore les Cappuccinos et les café, le péché mignon de Carron reste le thé. Et sans sucre, de préférence.

# anecdote 4 : Il cache son grimoire/livre de sorts/ce que vous voulez de pas naturel dans un recueil de poèmes de William Blake.

# anecdote 5 : Quand le Familier n'est pas là, le Sorcier danse. Non, c'est une blague (sauf si Carron tient vraiment à faire tuer quelqu'un sans se donner du mal, mêmetoutlecontraire) : quand Jedi' part pour ses expéditions, c'est souvent que lorsqu'il - s'il rentre dans la nuit - il trouve Carron endormi devant la cheminée, enroulé dans des couvertures.


le caractère


Carron a toujours été quelqu’un d’assez discret et de silencieux. S’effacer pour mieux bouillir ; c’est un opportuniste doublé d’un rebelle, qui aurait même pu être réussir des études et – peut-être – avoir une brillante carrière, des amis et une bonne situation, avec une gentille femme et des enfants turbulents, être un bon père, un papy gâteau, se souvenir du temps où il était jeune… Et mourir au milieu des années 1900. Ce n’est évidemment pas ce qui s’est passé, vous vous en doutez. Reprenons depuis le début.

Le sorcier a manqué d’affection paternel, de ça, il n’y a aucun doute. L’absence de son père et l’incertitude de là où il se trouvait et ce qu’il faisait on fait de lui un garçon effacé, peu bavard, discret, préférant écouter qu’être écouté. Pas qu’il ait peur de parler, car il possède un certain charisme et une bonne rhétorique, mais il y a toujours plus d’avantage à en apprendre pas mal sur les autres en leur en disant peu sur soi-même. Du moins, du point de vue d’un opportuniste. Oh, il ne l’a pas toujours été, c’est venu avec le temps. Au départ, Carron était même un adorable petit garçon, ouvert et attentif, toujours dans les jupes de sa mère et de sa grand-mère, apprenait la cuisine avec la première et l’herboristerie avec la seconde. Sa curiosité et son application ne semblait pas connaître de limite, surtout si cela l’intéressait réellement ; mais cela ne semblait pas vraiment au goût de son paternel-jamais-à-la-maison que son fils se « ramollisse » avec des activités féminines. Ce sont assurément les regards désapprobateurs de ce cher Malcolm lorsqu’il se vantait de ses progrès en cuisine, et ce genre de comportement, qui rendirent ce petit garçon débordant d’énergie peu à peu discret et effacé, et qui firent naître en lui le feu de la rébellion.

Car Carron est bien un rebelle. Certes, un rebelle discret, qui vous frappera là où ça fait mal quand vous vous y attendrez le moins. Ce qui peut paraître hypocrite, quelque part. « Diplomatie oblige », on ne balance pas ses quatre vérités à la figure de quelqu’un, sauf si on veut le faire fuir. Ou sauf si on le connaît bien et qu’on sait qu’il ne vous tournera pas le dos pour toujours. Oh, cela ne l’empêche pas pour autant de lancer parfois quelques petites piques bien placées, ou critiquer ouvertement quelque chose qui ne lui plaît pas, ni de se montrer effronté lorsque quelque chose le rebute. Le respect des règles ? Ça fait longtemps qu’il avait appris à s’amuser en esquivant les règles. Déjà, dans les années 1900, il ne se gênait pas pour afficher une certaine bisexualité alors même qu’il sortait avec Mary – ce qui lui a d’ailleurs valu de finir célibataire bien plus tôt qu’il l’avait prévu et, si vous voulez son avis, c’était totalement injuste.

Mais le sorcier est intelligent. Peut-être un peu (beaucoup) naïf – surtout quand ça lui prend – mais également intelligent. Son petit cerveau tourne à vive allure et il est plus posé qu’impulsif, allant même parfois jusqu’à bouder les confrontations. Il aime bien avoir son petit confort, en particulier une cheminée (il adore ça, vraiment), et un sentiment de sécurité. Ce qui n’arrive pas toujours, je vous l’accorde. Il peut même se montrer assez exigeant, mais a une capacité d’adaptation développée au fil des années depuis sa plus tendre enfance, comme il a pu le prouver en menant, pendant un temps, une triple vie entre le sorcier qui lui enseignait ce qu’il devait savoir, sa famille et Mary. Equilibre précaire qui demandait une organisation spirituelle à toute épreuve, et qui se brisa après la mort de la grand-mère. Il aime quand tout est cadré, organisé, parce que cela lui donne une sensation d’assurance : mais sa curiosité est toujours intacte et il ne dira jamais non à un peu d’inconnu et d’aventure (sauf si vous le trouvez fatigué/malade/blessé/déprimé).

On pourrait dépeindre Carron comme un individu mystérieux, avec dans le regard une lueur d’expérience beaucoup plus vieille que son apparence corporelle. Et pour cause. Ce genre d’homme un peu sûr de lui, qui vous lance un regard chaud sans une parole de plus, vous écoute pendant des heures en ne plaçant que quelques mots çà et là, joue de son charisme et de sa patience pour vous charmer. Que serait un opportuniste qui ne sait ni charmer ni patienter ? Il est prêt à tout pour parvenir à ses fins, et n’a que peu de scrupules. Quand quelque chose doit être fait, ce sera fait. La détermination fait partie de lui, même s’il n’est pas un exemple d’ambition. Ce qu’il veut avant tout, c’est survivre, et survivre avec Jedikiah. Franchement, il a beaucoup de mal à imaginer ce que serait sa vie sans son Familier.

Le sorcier est également quelqu’un de raffiné. Il aime les belles choses, les costumes et l’élégance. La démarche droite et le regard haut, sans pour autant paraître hautain ; juste une assurance toute relative et adaptée à la situation. Il a des manières, oui, parfois de dandy sorti du vingtième siècle (mais n’est-ce pas ce qu’il est ?), l’image de ces jeunes bourgeois gentlemen qui tiendrait la porte à une femme et lui tirerait sa chaise. Heureusement, il reste malgré tout quelqu’un de très simple. Il a appris, avec le temps, à s’adapter à l’époque, à la situation. Troquer son costume contre un jean et un sweat lui a longtemps paru être une aberration, mais il le fait à présent sans rechigner ; eh, c’est qu’il a appris à rester plus ou moins élégant en toute circonstance et à se mettre au niveau des mœurs moins exigeantes du vingt-et-unième siècle. L’égalité des sexes, les femmes qui prennent la mouche et vous pense pas honnête quand vous tentez d’être délicat et de leur tenir une porte… Adaptation et élégance. Jamais tout blanc, jamais tout noir.

Vous l’aurez compris, Carron est plus poison et balle dans le dos que coup de poing dans la face. Discret, patient, félin à l’affut de sa proie qui sait attendre le moment opportun. Oui, enfin, ce charmant jeune homme à son propre Mr Hyde ; toucher à quelqu’un qu’il apprécie – et plus encore à une personne qu’il aime – et cet être raffiné deviendra un monstre sans pitié. S’il a l’amour du feu, du travail propre et bien fait, n’espérez pas éviter les dégâts et les dommages collatéraux en vous en prenant à l’un de ses proches. Il faut tuer, taillader, exploser, mais venger et récupérer la personne perdue – en vie et en un seul morceau, si possible. Celui qui, d’habitude, sortirez un mouchoir en soie de sa poche pour essuyer la seule goutte de sang ayant atterrit sur son visage pourra ressortir rouge et trempé que ça ne l’agacerait qu’à peine.

Mais il faut aller au-delà des apparences et de l’instinct de survie qui pousse le sorcier à se méfier de tout le monde au premier abord (et si, par le plus grand des hasards, vous connaissiez un chasseur ou en étiez un vous-même ?). Carron peut se montrer très tendre. C’est un gentil garçon, même un peu naïf dans ses moments. Il faut s’avoir s’en faire apprécier et gagner sa confiance, mais le charmeur de serpent peut lui-même se faire charmer. S’il vous aime (et ce dans tous les sens du terme, autant amical que plus si affinité), et que vous ne faites rien pour le trahir ou le blesser, il saura se montrer attentif, compatissant, attentionné, aimant. Mais gare à ceux qui tentent de l’avoir, s’il vous découvre – ou s’il subit votre traîtrise.

Et avec les personnes les plus proches de lui, Carron peut même avoir l’air légèrement soumis. Il ne veut pas chercher la confrontation s’il peut l’éviter, mais ne pensez pas que cela l’empêchera pas d’hausser le ton s’il le faut. Ou s’il en a gros sur le cœur. Il aime également l’alcool. Oh, pas qu’il soit alcoolique, loin de là, mais disons que… Il ne le supporte pas forcément très bien. Deux ou trois verres de temps en temps, pas plus ; et ça lui est déjà arrivé de perdre de l’argent ivre, ou même de se réveiller dans le lit d’un(e) inconnu(e). Mais même sobre, il y a une chose qu’il faut préciser. Carron est très tactile, en particulier lorsqu’il commence à bien connaître les gens. Il ne va pas sauter sur quelqu’un qu’il connaît à peine, mais il reste un homme relativement spontané qui n’est pas avare d’accolades. Il peut même se montrer très câlin – mais de là à vous dire qu’il tient à vous, il y a plus d’un pas.


les descriptifs
# pouvoirs : Carron était (apprenti) herboriste avant d’être Sorcier, aussi excelle-t-il dans tout ce qui touche aux potions et préparations de ce genre (que ça ne soit pas typiquement sorcier d’ailleurs, comme les cataplasmes et ce genre de chose… Mais ça ne l’empêche pas de se servir de ses capacités pour les améliorer). Il ne se débrouille pas trop mal non plus avec les sorts, même s’il a encore parfois un peu de mal (oui, ça lui arrive de se rater, mais il continue de s’entraîner ardemment sous l’œil bienveillant de son Familier qui a terminé son éducation de Sorcier dans sa jeunesse). Il a rapidement appris à maintenir une certaine jeunesse, ainsi que le contrôle des éléments (en particulier le feu), mais a encore besoin d’entraînement pour ce qui est lévitation, voire même carrément d’apprendre pour ce qui est la téléportation et le contrôle spirituel. Il est également connecté télépathiquement à Jedikiah – mais ça, ce n’est pas un exploit pour un Sorcier et son Familier.


# armes : Carron n’a pas trente-six armes avec lui, les crocs de son Familier étant souvent largement suffisants. Mais par principe, il garde toujours lui – en général dans une poche intérieure de costume, contre son torse – un colt pourvu de balles d’argents, et sur certaine desquelles sont gravées des pentagramme. « Merci papa, pour une fois que tu m’es utile. ». Il les a dans deux chargeurs différents, et ce sont les balles « simples » qui sont chargés (n’allons pas gaspiller pour rien les jolies balles gravées). Il possède également deux couteaux de lancer (mais qui fonctionnent également très bien au corps à corps), ainsi qu’une rapière qu’il garde dans le coffre de sa voiture – le tout également en argent ou, pour la lame, possédant un peu d’argent dans sa lame (mais faut pas pousser quand même, la résistance de l’épée passe avant l’argent)


# compétences diverses : Comme dit plus tôt, Carron a débuté dans la vie entre les jupes de sa mère et de sa grand-mère, à apprendre la cuisine et l’herboristerie. Si, pour cette dernière, il est très compétent, l’homme est également un excellent cuisinier. En plus, il a toujours aimé ça, et il aime cuisiner pour Jedikiah (qui, d’après son Sorcier, est un ventre sur patte). Ayant donc passé tout le début de sa vie avec des femmes, il sait également coudre – plus ou moins – et saura ainsi rafistoler vêtements, chaussettes, draps mortuaires ou n’importe quoi d’autre (du moment qu’on ne lui demande pas de créer un vêtement de toute pièce).
Le Sorcier est également intelligent, cadré, organisé. Il n’y a généralement pas plus carré que son esprit ; il sait ce qu’il veut, où il va, et la preuve de son organisation spirituelle est la triple vie qu’il a pu mener pendant quelques années avant que la mort de sa grand-mère ne l’ébranle trop pour qu’il puisse rester concentré sur toute(s) sa(ses) vie(s). Il n’aime pas le fouillis, le flou, ne pas savoir ou comprendre ce qu’il ressent et ce qu’il veut ; ça lui fait peur. Et même, n’étant pas réellement ambitieux de nature, il peut vouloir quelque chose, le savoir, mais ne rien tenter pour. Cette organisation se répercute sur son environnement ; il pourrait presque passer pour une maniaque. La vie qu’il mène à réfréner ce trait de caractère, mais il aime quand tout est rangé, trié, en place.
En tant que fils de bonne famille (et oui, ne l’oublions pas… Non, impossible de toute façon, il finirait par vous le faire comprendre rien que dans sa façon de se tenir ou ses manières de dandy parfois un peu dépassé), il a appris à manier la rapière et à tirer, mais également (outre le fait de se comporter comme un gentleman légèrement macho sur les bords) la valse, et un peu le piano (quoi qu’il ait à présent perdu ses capacités à vous jouer la Lettre à Elise, ou n’importe quoi d’autre d’ailleurs).

shadow


Dernière édition par Dukett le Jeu 15 Sep - 21:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [FICHE] ▬ Carron M. Blackwood •• “Avec son air très naturel, le surnaturel nous entoure.”     [FICHE] ▬ Carron M. Blackwood •• “Avec son air très naturel, le surnaturel nous entoure.”	 EmptyJeu 15 Sep - 21:49


histoire
“Lorsque vous lui ouvrez la porte, la magie est partout.”



Carron a, comme son prénom peut l’indiquer, du sang écossais dans ses veines. Et la raison de sa naissance sur le sol américain est toute simple : la ruée vers l’or. Ses grands-parents ont en effet quitté leur Ecosse natale et tant aimée à la fin des années 1840 pour migrer vers la Californie et ses promesses d’or et de richesse. Ça leur a plutôt réussie, d’ailleurs ; Craig s’est avéré plutôt bon chasseur d’or (ou chanceux, comme vous voulez), tandis qu’Emily avait rouvert une petite boutique d’herboristerie où elle était également couturière, et ils avaient eu un fils, Malcolm. Petit bout d’homme qui, bercé par les histoires de sa mère très attachée au folklore et à la mythologie celte, deviendrait plus tard un chasseur non pas d’or, mais de bestioles pas très naturelles.

Mais ce n’est pas l’histoire de Malcolm qui nous intéresse (quoi que son agression par un loup-garou, qui le lança sur la voie de la chasse, soit plutôt captivante), seulement celle de son fils, Carron, né le 20 Octobre 1897, premier jour d'automne. Le garçon aurait pu avoir une enfance tranquille, dans la demeure familiale, avec ses grands-parents paternels et ses parents. Oui, enfin, ça n’était pas le cas : certes il y avait les grands-parents (Dieu soit loué), il y avait plus ou moins sa mère… Mais Malcolm était aux abonnés absents, jamais présent ou, quand il rentrait miraculeusement quelques jours, c’était un homme grognon, solitaire, limite violent – violent lorsque soul – et qui dépossédait peu à peu les Blackwood de leur fortune. Pas vraiment la figure paternelle rêvée.

A cette époque où Carron était certainement le seul de sa famille à ne se douter de rien, c’est la présence de sa grand-mère qu’il préférait entre toute. Non pas qu’il n’aimât pas sa mère, mais elle avait repris le petit commerce d’Emily et, même si elle s’appliquait à en faire le plus possible, n’était pas toujours là pour son fils. Il était encore loin de penser à la sorcellerie lorsque sa grand-mère lui apprenait les bases de l’herboristerie en lui racontant des légendes celtes, et qu’il se montrait un élève attentif et curieux, minutieux et appliqué. Et puis, il y avait cette cheminée, et le feu qui dansait à l’intérieur et le fascinait. Il imaginait sans peine, dans l’ondulation des flammes, quelques farfadets dansant. Il appréciait ce calme et cette insouciance, il aimait être coupé du « monde réel » qu’il trouvait trop fade. Le garçon, dès qu’il eut appris à lire, aimait se perdre dans ces récits surnaturels, préférant la magie à tous ces autres romans trop terre à terre à son goût. Il n’avait alors pas particulièrement d’ambition ; aider sa mère à la boutique en s’occupant de la partie « herboristerie » (il s’avait que ce n’était pas son fort), tout en écrivant des poèmes, voire des histoires. Car, voyez-vous, Carron est (et restera, selon lui), un homme délicat aimant la poésie.

Mais Malcolm avait d’autres projets pour son fils. Qu’il réussisse ses études ou pourrisse dans une petite boutique, peu importe ce que Carron voulait : il devait devenir chasseur. Et tant pis s’il n’avait jamais été là pour lui jusqu’à présent, tant pis s’il risquait de perdre son enfant dans cette folie. La chasse les réunirait, pour le meilleur ou pour le pire : et si Carron mourrait, c’est qu’il était faible et inapte à la vie qui l’attendait. Le gamin avait à peine quinze ans et dévorait « The Marriage of Heaven and Hell » de William Blake – son poète britannique favoris – lorsque son père l’emmena, pour la première fois, à la chasse. La chasse aux Sorcières. Ce que n’avait pas prévu Malcolm, c’était l’ampleur de la rancœur que sa progéniture avait à son égard, ni l’émerveillement qui allait le prendre en découvrant que ce qu’il adorait existait, et encore moins le dégoût qu’il allait ressentir lorsque le Chasseur allait tuer cette pauvre sorcière inexpérimentée. C’était pourtant le point de départ d’un long conflit entre le père et le fils, qui ne pourrait plus jamais avoir une fin heureuse. Car comment pourrait-il y avoir une fin heureuse lorsque le père et le fils deviennent la proie l’un de l’autre ?...



Carron n’avait jamais été un petit garçon modèle. A vrai dire, il avait toujours eu quelques problèmes avec l’autorité et les règles trop étriquées. Pourquoi, par exemple, n’aurait-il pas le droit d’apprécier le corps des hommes autant que ceux des femmes ? De rester auprès de sa mère ou de sa grand-mère lorsqu’elles faisaient la cuisine ? De lire des poèmes sous un arbre en fleurs ou de vadrouiller dans la neige pour le simple plaisir d’être dehors ? Eh quoi, vous pensiez aussi qu’il avait toujours appris ses leçons par cœur et qu’il n’avait jamais triché pour être si bien classé à l’école ? Désolé de vous décevoir, mes chéris. Carron est loin d’être l’enfant modèle et obéissant désiré par son père, ce qui explique en grande partie qu’une fois qu’il fut mis au courant de l’existence du surnaturel, il se pencha encore plus sur le sujet, ne se contentant plus seulement des romans comme Dracula. Il réussit à mettre la main sur quelques livres plus intéressants les uns que les autres, jusqu’à tomber sur un vieux grimoire, au fond d’une boutique d’antiquités poussiéreuses.

Cela ne manqua pas d’attirer l’attention d’un homme, qui n’eut qu’à faire danser quelques flammes entre ses doigts pour fasciner le jeune homme de dix-sept ans. Le deal était simple ; Carron gardait son paternel à l’œil et veillait à ce qu’il ne vienne pas mettre le nez dans ses affaires, et il lui enseignait la sorcellerie. Il ne lui en fallu pas plus ; de toute façon, ce n’était pas comme si le jeune homme adorait le Chasseur qui lui servait de géniteur. Et si l’apprentissage ne fut ni facile, ni de tout repos, c’est avec la même passion que lorsque sa grand-mère lui enseignait l’herboristerie qu’il s’adonna à la sorcellerie – et peut-être même avec plus d’assiduité encore.

Ce fut une drôle de période, durant laquelle il devait jongler entre sa famille et le sorcier, cacher ses activités à son père plus qu’à tout autre personne et veiller sur sa grand-mère qui commençait à se faire vieille. Ce fut également la saison de ses premiers amours, une charmante demoiselle prénommée Mary. Il réussit à jongler entre ces trois parties de lui-même pendant plusieurs années, jusqu’à une série d’évènements qui ébranlèrent quelque peu son esprit organisé, réglé comme du papier à musique. Il avait vingt-et-un an lorsque sa grand-mère mourut, sans souffrir, dans son sommeil. Plus perturbé qu’il ne voulait bien l’admettre, le jeune homme décrocha totalement, ne faisant des efforts de concentration qu’en présence du sorcier. Puis ce fut au tour de Mary de l’abandonner, le jour où elle découvrir que son ami ne rentrait pas tant que ça dans la norme sur le plan de ses préférences sexuelles (parce qu’il n’en avait justement pas) et qu’il ne se privait pas de le montrer. Affligé par cette rupture qu’il jugeait totalement injuste, il se plongea corps et âme dans ses études, allant jusqu’à pratiquer dans sa chambre, accumulant des erreurs qui mettaient le doute dans l’esprit de son père.



L’arrivée soudaine d’un Familier dans sa vie le déstabilisa tout autant, mais lui permis de remonter à la surface. Malheureusement, cela était loin de signifier du repos pour Carron, qui devait à la fois veiller sur lui-même et sur Jedikiah (bon, d’accord, vu l’âge du bestiau, c’était plutôt l’inverse), tout en faisant attention à ne pas conduire son père, directement ou indirectement, jusqu’à son « maître ». C’est pourtant ce qu’il fit, à cause des erreurs accumulées durant sa période néfaste… Il se sentait en bonne voie, pourtant. Il avait encore du trajet à faire, il le savait bien, mais Carron était plutôt fier de lui ; les flammes commençaient à danser dans ses mains, et il était plutôt doué lorsqu’il s’agissait de concocter des potions – merci mamie, paix à ton âme. Mais tout doux songe à une fin, et s’il put mener cette double-vie pendant quelques années encore, il n’avait pas trente ans lorsque son père découvrit son secret.

Carron ne s’y était pas attendu. Certes, ce n’était pas la meilleure des situations, entre Jedi’ qui devait se cacher, et lui qui devait toujours surveiller ses arrières. Mais il ne s’était décidément pas attendu à voir un jour son père débarquer en hurlant - alors qu’il s’apprêtait lui-même à sortir - et lui en décoller une qui l’expédia au sol, l’y laissant, choqué. Mais si seulement ça c’était arrêté là. Si seulement son père ne s’était pas mis à hurler toutes les insultes du monde, toutes les critiques qui lui venaient à l’esprit pour descendre son sorcier de fils plus bas que terre, si seulement il n’avait pas été soûl et ne s’était pas mis à le rouer de coups avant de le traîner jusqu’à sa chambre et l’y enfermer. Le jeune homme avait fermé son esprit pour éviter que Jedi’ tente d’y faire un tour, voir pourquoi il n’était pas là. Sa mère vint le voir après qu’elle eut convaincu Malcolm de ne pas tuer son fils – pas tout de suite – et elle s’occupa de panser les quelques blessures, en nettoyant le sang et le recousant comme elle pouvait.

Son fils voyait bien que, malgré tout l’amour qu’elle avait à son égard, une petite lueur de crainte brillait dans son regard. C’est ce qui lui fit prendre sa décision ; après s’être reposé quelques heures, il réunit rapidement les affaires dont il avait besoin dans une malle, et s’échappa en silence, allant rejoindre Jedikiah le plus rapidement qu’il put avant de s’effondrer à moitié devant lui. Il ne tenta même pas de l’empêcher d’aller tuer son père dans leur jardin. Pour ce qu’il en avait à faire, pour ce que cet homme lui avait pris, il n’avait aucun scrupule à le laisser se faire tuer. Il regrettait seulement de n’avoir pu assister au spectacle. Après ce fiasco, Carron récupéra toutes les affaires du défunt sorcier, et ils fuirent.

C’est à compter de ce jour qu’ils taillèrent la route. Ce ne fut pas forcément aisé, surtout au début. Il lui fallait apprendre à supporter le Familier qui n’avait pas toujours un caractère facile (mais il savait pertinemment qu’il n’était pas toujours adorable lui-même), et l’écouter expliquer les règles de la communauté tout en continuer à s’entrainer encore et encore. Changer de maison lorsque ça devenait risqué, et – pendant de longues années – dépendre de son compagnon parce que pas assez puissant. Combien de fois Jedi’ lui avait-il sauvé la vie, où c’était-il crevé à le surveiller pour éviter que son Sorcier ne meurt prématurément ? Carron serait bien incapable de le dire, souvent bien inconscient des efforts déployés par son Familier. Il n’en était pas moins reconnaissant pour autant, pouvant enfin mettre à profit ses talents culinaires (entre autre). Céder à la tentation et enfreindre les règles, fuir à nouveau, foutre le bordel et changer de maison, se mettre les voisins à dos et reprendre la route, se poser – enfin... On s’accommodait rapidement de ce genre de vie, bien plus vite qu’il n’avait pu le croire.



Mais ce genre de vie – qui ressemblait fort à une éternelle situation de fuite – ne voulait pas dire pour autant que l’on parvenait à échapper à tous les dangers. Surtout quand votre Familier avec une sérieuse tendance à aimer mettre le bazar là où il passait… Parmi ses plus mauvaises expériences, le sorcier comptait la fois où il avait eu le malheur de vouloir essayer de s’intégrer un peu à peine arrivé dans un nouveau village, et où il avait présent Jedi’ comme étant son frère. Et que celui-ci s’était amusé à les faire passer pour des frères incestueux. Carron avait certes vécu pire mais, allez savoir pourquoi, cette soirée l’avait marqué (et ce fut leur plus court séjour quelque part). Au moins, il retenait les leçons, que ce soit sur ce qu’il devait faire – ou ne pas faire – pour éviter ce genre de situations, ou par rapport à son statut de sorcier. Eh oui, il parait qu’il ne fallait pas trop chercher des sorciers plus vieux que vous de trois cent ans, et qu’il valait mieux fuir plutôt que d’affronter un petit groupe de chasseurs – surtout s’il s’agissait des Winchester. Tsé. Heureusement que Jedi’ était là pour surveiller le derrière de son sorcier, sinon ça ferait un moment qu’il mangerait les pissenlits par la racine (pour peu qu’il puisse manger les pissenlits par la racine, en Enfer).

D’ailleurs, en parlant des Winchesters, on ne pouvait pas dire qu’ils soient inactifs, ces deux-là. C’est qu’en ce moment, il s’en passait, des choses, qu’elles aient touché le sorcier de près ou de loin. Ça avait commencé par l’Apocalypse, et les démons qui surgissaient de partout. Mais s’il avait cru que l’Apocalypse fut la pire chose qui ait manqué d’arriver, il se trompait : les Léviathans arrivèrent juste après. L’espionnage servant parfois, je ne vous raconte pas comment il a été difficile de tenter d’empêcher Jedikiah de manger n’importe quoi… Puis la Chute des Anges. Un soir, des centaines d’étoiles filantes qui traversent le ciel pour tomber sur Terre… Mais non, pas des étoiles, des anges. La stupeur, l’inquiétude, les interrogations. Et ne dites pas que les Winchesters ne sont pas des catastrophes ambulantes. Plus loin d’eux il se tient, mieux il se porte. Il y a déjà assez de dangers comme ça un peu partout, quand on en est conscient, alors autant ne pas s’en rajouter (il n’était pas masochiste à ce point). Parce que Carron a entendu les murmure ; le livre des Damnés aurait disparu, ainsi que le Codex… Et il se dit qu’ils ont été utilisés pour permettre à Lucifer et Michael sont sortis de leur cage… Profitez de votre insouciance, ô innocente plèbe aveugle…


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