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 In the mid'night

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Dukett
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MessageSujet: Re: In the mid'night   In the mid'night - Page 3 EmptySam 16 Juin - 17:12





It takes an inner dark to rekindle the fire burning in you
...


New York, 1951.

Le sourire et le regard de Tommy mirent du baume au cœur de Stephen. Il avait l'impression que tout allait s'arranger, qu'ils allaient pouvoir vivre heureux, ensemble, et qu'importe la société. Il se rendait d'autant plus compte, à présent, que cet homme lui avait manqué, qu'il était plus que l'une de ces conquêtes qu'il avait eu l'habitude de collectionner. Il en avait terminé avec son tableau de chasse, il avait changé et voulait se poser, enfin. N'était-il pas un sorcier, ne pouvait-il pas faire cette petite faveur à l'homme qu'il avait détruit ? Il s'autorisa un léger sourire, appuyant doucement sa joue contre la main du mutant, qui s'était rapprocher de lui pour lui murmurer ;

« Je voulais te revoir une fois avant de mourir... »


La douce chaleur du réconfort qu'il avait senti couler en lui se glaça aussi vite qu'elle était venue. Il ne voulait pas entendre ce genre de parole, pas avec le mutant dans cet état, pas alors qu'il venait de s'évanouir malgré son bain et la mutation qui aurait dû le soigner. La panique submergea Stephen pendant un court instant, mais il se reprit en soulevant le poids de plume qu'était Tommy, et le vêtit magiquement avant de se téléporter directement dans le hall de la clinique qu'il connaissait si bien. Il surpris tout le monde, dans ses vêtements bleus foncés, avec ces gris-gris et cette ceinture tibétaine. On aurait pu croire qu'il sortait d'une secte et, pourtant, l'infirmière qui le reconnu lâcha son nom dans un cri de stupeur.

« Pas le temps pour ça, j'ai besoin d'aide, et vite ! » répondit-il d'un ton sec.

Tout le personnel se poussa sur son passage tandis qu'un autre chirurgien et deux infirmières s'activaient déjà à lui préparer un lit et tout ce qu'il fallait pour analyser son état. Stephen se mis de côté pour ne pas les déranger, légèrement anxieux. Il vit son ancienne collègue prendre le pouls de son ancien amant, et lancer un regard lourd de sens au chirurgien, qui dégagea le torse de Tommy pour entamer un massage cardiaque. Stephen pris du recul sur la situation pour alerter Wong de se qu'il se passait, et pour l'enjoindre de venir immédiatement à la clinique. Lorsqu'il rouvrit les yeux, ce fut pour voir le personnel secouer la tête, les épaules affaissées.

« Je suis désolée, Stephen, il-
- Non ! »


Il refusait d'entendre ces mots. Il repoussa brutalement tout ceux qui se trouvaient entre lui et Tommy, et éclaira ses mains d'une lueur magique pour scanner le mutant, tenter de le trouver, de le ramener à la vie. Les regards écarquillés de ses pairs ne lui firent ni chaud ni froid, et il s'affaissa à son tour sur le corps sans vie du mutant.

« Ca ne s'est joué qu'à quelques minutes, on aurait eu une heure de plus, on aurait pu...
- SORTEZ ! »


Son ancienne collègue battit en retraite, mais le nouveau chirurgien qu'il ne connaissait pas croisa les bras en se campant sur ses deux jambes, droit, robuste – plus robuste que Stephen.

« Vous ne travaillez plus ici, vous n'avez aucunement le droit d'ordonner quoi que ce soit. Alors maintenant vous sortez et vous nous laissez nous occuper de ça.
- Ce n'est pas « ça » !
- Stephen, un certain... Wong. »


Le sorcier lança un regard courroucé à celui qui avait pris sa place, et fit demi-tour pour retourner auprès de son majordome. D'un signe du menton, il lui demanda de le suivre et sorti de l'établissement. Stephen le conduisit directement jusqu'à son appartement. Il accrocha sa cape au porte-manteau avant de se laisser tomber sur le canapé d'un air las. Wong prit le temps d'observer les lieux avant de revenir vers lui :

« Ça va aller ? »

Stephen hocha doucement la tête. Il ne réalisait pas encore ce qu'il venait de se passer. Il était persuadé qu'on allait le rappeler, le lendemain, pour lui dire qu'ils avaient réussi à le ramener. Qu'ils étaient passé à côté d'un faible battement de cœur, d'une respiration trop douce pour être repérée. Il ne parvenait pas à imaginer le corps froid et sans vie de l'ex-reporter, enfermé dans une morgue en attendant... Il ferma les yeux, mais ne dormit pas de la nuit, pas plus qu'il ne mangea. Il attendant son coup de fil.

oOoOo

Il n'y avait pas grand monde dans le cimetière. Lui, deux ou trois curieux, les employés chargé d'enterré Tommy Summerfield, et Wong, en retrait, présent uniquement pour accompagner le Sorcier. Le ciel hivernale était chargé de nuage, et rendait la journée grise – aussi grise que son humeur. Un temps parfait pour un jour si triste. Stephen avait ressorti l'un de ses costumes de son placard, entièrement noir sauf pour la chemise, blanche. Ses traits étaient tirés par la fatigue et par la tristesse, et ses yeux n'avaient pas encore pleuré. Il s'était raccroché à son espoir si vain qu'on lui annonce un miracle. Et s'il était le plus à même ici à croire aux miracles, il savait aussi qu'on ne ramenait pas les morts à la vie. Stephen dû se retenir d'aller donner des ordres à ceux qui faisait descendre le cercueil sous terre, beaucoup trop brusques à son goût. Et lorsque la première pelle de terre s'abattit sur le dernier lit de Tommy, la première larme roula le long de la joue du sorcier, rapidement suivit par d'autre.

Il était le seul à pleurer sa disparition, apparemment le seul à tenir assez à lui pour ce dernier hommage – et il se rendit compte avec une soudaine brutalité que s'il n'avait pas été là, sa mort serait passée inaperçu. Sa gorge s'en noua d'autant plus. La manière dont il était mort lui avait valu un simple recouvrement de terre, et encore, parce que  Stephen avait catégoriquement refusé qu'on le jette dans la fosse commune. Déclaré homosexuel et partisan de l'ennemi communiste, il n'aurait pas pu obtenir un vrai tombeau, et cela le révoltait d'autant plus. Tout était de sa faute. Il aurait du chérir et choyer ce petit trésor qu'était Tommy. Cela faisait presque un an qu'il ne l'avait pas vu, et l'homme qu'il avait retrouvé n'était pas le mutant enjoué, naïf et innocent qu'il avait abandonné. Il avait tué cette personne, lui, Stephen Strange, et il ne pourra jamais se le pardonner. Lorsqu'il fut seul face au substitut de tombe, il se laissa tomber à genoux devant, et laissa libre-court à sa tristesse en répétant des excuses.

Il faisait nuit depuis déjà quelques heures lorsque Stephen consentit à suivre Wong et à sortir du cimetière. Chez lui, il resta sur son lit, malgré les interventions du majordome venant vérifier, de temps à autre, qu'il ne se laisse pas trop dépérir. Les erreurs de Stephen tournaient en rond dans sa tête, depuis le jour où il avait posé les yeux sur Tommy pour la première fois jusqu'à il y avait quelques heures. Il ne supportait plus son reflet, et l'idée qu'il ai pu conduire à la mort un homme innocent, un homme qu'il aimait, le révulsait. Si cela ne tenait qu'à lui, il serait resté enfermé ici jusqu'à rejoindre son amant, mais il avait des responsabilités. Même s'il était fragilisé, même s'il n'était pas stable, même s'il avait l'impression qu'une partie de lui manquait à l'appel, il était le nouveau Sorcier Suprême de la terre depuis la mort de l'Ancien, et avait donc des responsabilités.

Les dernières paroles de l'Ancien lui revinrent en mémoire, et Stephen eu l'impression de suffoquer. Parce qu'il n'en avait pas compris le sens, ni la portée, parce qu'il était passé outre, parce qu'une fois de plus, il avait échoué. « L’Une de tes erreurs te hantera à jamais et t’empêchera d’être le Sorcier Suprême dont a besoin la Terre si tu ne la corriges pas… A temps ». Il n'avait pas pris cette notion de « temps » au sérieux. Il avait flâné, au lieu de se rendre directement auprès de Tommy. C'était lui qui avait débuté la lente torture du mutant, et lui qui l'avait achevé. Il avait échoué, et cela rendait sa disparition d'autant plus douloureuse. Avec un gémissement, Stephen se retourna pour enfoncer son visage dans son oreiller, assaillit par les souvenirs d'un Tommy heureux, par ses remords et par les paroles avisées d'un maître qu'il n'avait pas assez écouté.

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MessageSujet: Re: In the mid'night   In the mid'night - Page 3 EmptySam 16 Juin - 17:13





I promise to take you off to the height, I'm here for you right now
...


New York, 1951.

« Il faut manger.
- Je n'ai pas faim, Wo-
- Ce n'était pas une question. C'était un ordre. »


Le ton sec de Wong, appuyé par ses mains qu'il avait abattu à plat sur la table, ne laissait pas le choix au Sorcier qui releva un œil agacé sur lui. Passé le choc de la mort de son amant, Stephen s'était mis à consulter de nombreux livres. Le majordome avait compris, à son attitude, qu'il avait une idée derrière la tête, et qu'il était à deux doigts de la mettre en œuvre. A moins qu'il étudie simplement pour oublier ce que la réalité concrète du monde lui avait arraché, ce qui n'était pas la meilleure solution pour faire face à un deuil. Cela faisait deux jours que Stephen avait « oublié » de manger, aussi avait-il pris les choses en main. Avec une légère grimace, Stephen avala le bouillon de tomates que lui avait préparé le tibétain. Ce dernier lança un coup d’œil au livre ouvert sur la table basse, et fronça les sourcils :

« Vous relisez encore l'ouvrage sur l'oeil d'Agamotto ? »

Le Sorcier suspendit son geste, la cuillère à quelques centimètres de sa bouche, et fit la moue sans daigner lui répondre. Il avait beaucoup réfléchit aux paroles de l'Ancien et aux conséquences de ses actes. Il s'était focaliser sur la notion de temps – le temps qu'il avait perdu, celui qu'il n'avait pas utilisé pour ce qui aurait dû être. Ainsi que sur le fait que la prédiction de son ancien maître lui stipuler que s'il ne réparait pas son erreur, il ne serait jamais à la hauteur de la tâche qui l'attendait... Or, il valait mieux qu'il soit en pleine possession de ses moyens et de son esprit, s'il ne voulait pas voir la Terre être engloutie par des forces obscures ou démoniaques dépassant l'entendement de nombreux humains. Ce ne serait qu'un échec de plus de sa part, au point où il en était... Sa tristesse s'était changé en une sorte de frénésie. Il devait réparer son erreur, coûte que coûte. Il avait une idée derrière la tête, essayait de voir s'il n'y avait pas un moyen plus sûr, mais il ne trouvait rien. Rien hormis l'oeil d'Agamotto, et il savait pertinemment que Wong s'opposerait à cette idée. Il surmontait la douleur que lui causait la perte de Tommy et l'idée de ses échecs en se noyant sous les recherches, et se sentait accablé au moment de s'endormir. Il dormait d'ailleurs très mal.

« Il faut que je répare mes erreurs, Wong.
- Il ne faut pas avoir recours à l'Oeil ! C'est contre-nature, les conséquences seraient désastreuses.
- Je n'échouerai pas, pas encore ! Je n'ai pas pu sauver l'Ancien, mais il avait... Je devais sauver Tommy, sans quoi je ne serai pas à même d'assumer pleinement mon rôle.
- Vous n'avez pas échoué. La vie est comme ça, elle est injuste. »


Stephen se leva brusquement, frappant la table de ses mains exactement comme Wong l'avait fait un peu plus tôt. Il fixa son majordome chauve d'un air féroce et déterminé, avant de se redresser en soupirant légèrement.

« Tu n'as pas entendu les dernières paroles de l'Ancien. Je sais ce que je dois faire, pour le bien du monde, que tu le veuilles ou non.
- Pour votre bien personnel, même si vous préférez croire qu'il s'agit du contraire. »


Le ton de Wong était sans appel. Il ne le soutiendrait pas, quoi qu'il advienne. Stephen serra les dents et repoussa brusquement le fond de soupe qu'il lui restait. Il était à bout de nerf, une bombe à retardement qui n'attendait qu'un peu de contrariété pour exploser. Mais il avait appris à se maîtriser, aussi prit-il une grande inspiration en ravalant ses larmes. Il ne s'était jamais sentie aussi faible, aussi brisé. En réalité, c'était faux : et y penser lui serra le cœur, et il ferma les yeux en appréhendant les sensations. Il avait été dans un état similaire à la mort de sa sœur, lorsque celle-ci s'était noyé dans la rivière. Il avait passé des heures à chercher son corps, hurlant, pleurant, manquant de boire la tasse à plusieurs reprise. Il n'avait pas pu la sauver, et il n'avait pas eu l'occasion d'avoir une deuxième chance. Il devait saisir celle qui s'offrait à lui, aujourd'hui, sinon il le regretterait amèrement, quelle qu'en soit l'issue. Quoi que lui ait dit l'Ancien.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, sa détermination en était d'autant plus forte. Il sentit Wong faillir devant lui. Il savait que s'il ne saisissant pas l'opportunité qui s'offrait à lui, il ne le pourrait plus jamais. Le majordome protégerait des règles aussi ancestrales qu'idiotes, et il n'aurait plus l'occasion de pouvoir tenter de sauver Tommy, une seconde fois. Et puis... Il avait toujours aimé briser les règles. Le léger sourire en coin qui retroussa ses lèvres alerta Wong, mais Stephen fut plus rapide. De quelques gestes précis et quelques paroles mémorisées, il activa l’œil. Il vit Wong tendre le bras pour tenter de l'en empêcher, avant qu'il ne parte en arrière. Il regarda, fasciné, le temps défiler en sens inverse, sans lui.

Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, tandis qu'il quitta son appartement pour se diriger vers l'immeuble de Tommy, tout en prenant garde au monde qui fonctionnait à l'envers. Il avait plus d'une journée à remonter, et il devait avouer être quelque peu anxieux à l'idée de faire une bêtise. De dérégler le cours du temps à jamais, d'être bloqué pour toujours, forcé de remonter le temps. Ou qu'il ne s'écoule plus du tout. Il ferma les yeux, quelques secondes, et quand il les rouvrit, il sursauta lorsque la figure de l'Ancien apparu devant lui. Ses yeux brillaient comme deux étoiles sur le ciel pâle, visage transparent. Le Sorcier pâlit légèrement, cherchant quoi dire pour sa défense.

« Ne te tracasse pas pour ce que tu viens de faire, Stephen.
- J'ai brisé les lois de la nature...
- C'est ce que Wong dit, n'est-ce pas ? »


Stephen hocha légèrement la tête, avant de soupirer.

« Je suis partagé. Je n'aurai pas pu vivre sans tenter quoi que ce soit, mais...
- C'est une réalité.
- Je vous demande pardon ?
- Tu n'aurais pas pu vivre avec ça, parce que tu aurais été privé de quelque chose qui aurait manqué à ton âme à jamais. »


Le Sorcier marqua un temps d'arrêt. Il n'était pas certain de comprendre l'ampleur de ces paroles, ou du moins ce qu'elles signifiaient. Il ne savait pas s'il avait vraiment envie de les comprendre ; dans le cas contraire, cela signifierait qu'il avait été le pire des maux que son âme-sœur ai pu rencontrer, alors que précisément... Il secoua légèrement la tête pour garder l'esprit clair et se concentrer sur sa mission de sauvetage, qui lui semblait d'autant plus importante.

« Alors... J'ai pris la bonne décision ?
- D'autant que je puisse en juger, je ne vois pas en quoi il s'agit d'une mauvaise décision. »


Stephen hocha la tête, et évita un ballon qui revenait vers lui en se décalant d'un pas. Il croisa frileusement les bras, un peu gêné, et finit par poser l'autre question qui brûlait ses lèvres :

« Vous êtes mort ?
- Oh, Stephen... »
il rit légèrement en répondant : « Je ne suis pas vraiment mort. J'ai quitté mon enveloppe terrestre pour m'élever. Je suis Tout, Stephen.
- Je...
- La magie, la paix spirituelle, tout cela apporte bien plus dans l'Univers qu'ici. Tu auras bien le temps de le découvrir : il me faut te quitter, Stephen, peut-être pour toujours, au moins pour très longtemps. Tu as quelque chose à faire. Ne refais pas les mêmes erreurs. »


Stephen n'eut le temps de rien dire de plus, que le visage de son maître céleste disparaissait déjà. Il se rendit également compte que le temps avait repris son cours normal, et se rua à l'intérieur de l'immeuble. Il avait toute la journée devant lui, mais il avait déjà gaspillé ce précieux temps une fois. Il n'allait pas recommencer. Lorsqu'il ouvrit de force la porte de l'appartement de Tommy, il entra directement dans sa chambre. Le Sorcier ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit ; il l'endormi magiquement, afin qu'il ne se fatigue pas plus qu'il ne l'était, et réapparu dans la clinique.

« Cet homme a besoin de soin, immédiatement !
- … Stephen ?!
- Pas le temps pour ça, on discutera plus tard, son état est critique. »


L'infirmière se hâta de l'emmener en salle de soin et prépara le lit, tandis que le nouveau chirurgien arrivait au pas de course. Ils aidèrent Stephen à déposer Tommy sur le lit, et commencèrent à analyser son état. Stephen se tint légèrement en retrait, anxieux, attendant avec une certaine impatience le verdict. Le chirurgien releva soudainement la tête et aida deux aides-soignante :

« Des perfusions, vite ! Son état est critique, mais si nous agissons maintenant, nous n'allons pas le perdre. »

Le cœur de Stephen bondit dans sa poitrine, et après avoir envoyé un message télépathique à Wong, il s'approcha en poussant gentiment l'infirmière, et glissa l'une des mèches du mutant endormi derrière son oreille, sans faire attention au regard suspicieux de son ancienne collègue.

« Laissez-moi vous aider. Je peux vous être utile. Et hydrater-le bien, son métabolisme a une certaine affinité avec l'eau. »


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MessageSujet: Re: In the mid'night   In the mid'night - Page 3 EmptySam 16 Juin - 17:14




Whenever you need me I’m behind, and the fire in our hearts will be blowing up the stars.
...


New York, 1951.

Stephen savait pertinemment qu'il allait éveillé les soupçons, quoi qu'il fasse. Que ce soit par les regards tendres et soulagés qu'il lançait à l'homme en convalescence, ou ses nombreuses allusion à une possible mutation liée à l'eau, on commençait à se douter de certaines choses. Alors, lorsque l'état de son amant fut stabilisé et qu'il commença, lentement mais sûrement, à recouvrer les forces vitales à sa survie, le Sorcier pris la décision de le ramener à son appartement d'engager un médecin qui se déplacerait. Cela lui laisserait une plus grande marge de manœuvre, et la possibilité de couver sa sirène autant qu'il le voulait, ou encore de lui faire prendre quelques bains qui aideraient certainement à son rétablissement. Avant d'annoncer sa décision et de quitter la clinique qu'il ne connaissait que trop bien, il se permit de purger l'esprit du personnel médical de tous les soupçons qu'il avait pu avoir sur leur homosexualité ou leur mutation (de là à ce qu'ils associe la magie à une mutation, il n'y avait qu'un pas). Il avait d'ailleurs cessé d'apparaître à la clinique dans ses vêtements de mages, sur les conseils avisés de Wong. Le majordome semblait d'ailleurs assez grognon ces derniers jours, mais Stephen était incapable de savoir s'il avait deviné pour l'Oeil ou non. Il partait du principe que oui, mais ne l’évoquait pas pour autant : il laissait le temps au temps.

Le chirurgien qui le remplaçait avait tenté de s'opposer à la sortie de son patient, mais le ton de Stephen était sans appel, et le pourboire conséquent qu'il leur laissa acheva de les convaincre que Tommy se remettrait bien mieux chez l'ancien chirurgien. Il tenta néanmoins de de conseiller en tant que médecin pour continuer à suivre le mutant, mais Stephen n'y donna jamais suite, préférant appeler un ancien collègue d'un autre établissement dans lequel il avait toute confiance, tant sur son honnêteté que sur ses capacités. Stephen se contentait généralement d'observer Tommy lorsqu'il dormait, ou de lui apporter ses repas. Le mutant passait son temps à dormir et à manger, rattrapant ces mois de sommeil perdu et reprenant doucement un poids plus correct. Lorsqu'il ne s'en occupait pas, Stephen vaquait à ses occupations de Sorcier Suprême et passait le relais à Wong, qui se déridait légèrement en compagnie du mutant. Quand Stephen fuyait les contacts réels avec son ancien amant, de peur de se faire rejeter, Wong tenait volontiers compagnie à l'homme dont la survie avait été plus importante que les lois de la nature lorsqu'il était éveillé.

Et puis, un jour, Tommy sortit du lit en marchant prudemment, réveillé plus tôt qu'il n'en avait l'habitude. Cela faisait bien deux semaines qu'il avait été amené à l'appartement de Stephen, et il avait déjà meilleure mine, le repos, la bonne cuisine et la magie aidant. Il commençait à se sentir mieux, plus en forme, et avait deux irrésistible envie : la première étant de se glisser dans l'eau et d'en savourer les bienfaits, la seconde... Trouver Stephen. Il avait l'impression que ce dernier le fuyait alors qu'il ne demandait qu'à lui tendre les bras. Il s'agissait peut-être de l'homme qui avait participé à sa déchéance, mais il s'agissait surtout de celui qui était revenu lorsque tout le monde l'avait abandonné, qui l'avait sauvé lorsqu'il était sur le point de trépasser, qu'il avait aimé, et dont il était aimé en retour. Il y avait longuement réfléchit, il en avait eu le temps : un peu plus d'un mois qu'il avait été amené à la clinique, et que les gestes et comportements de Stephen lui avait donné matière à réfléchir. Il s'était posé la question de ses motivations : simple besoin de prouver au monde qu'il était toujours le meilleur car il sauvait l'homosexuel qu'il avait livré en pâture aux loups, ou sentiments bien plus noble ? Il avait sentit toutes les caresses sur son visage et dans ses cheveux lorsqu'il somnolait sans encore dormir vraiment, aperçu les regards à la fois tendre et inquiet. Peut-être se montrait-il encore naïf, peut-être allait-il encore une fois tomber des nues, mais il avait le sentiment que cette fois, cette fois il allait enfin trouver la paix et le bonheur promis.

L'attitude de Stephen, fuyant le contact direct avec lui, l'attristait. C'est pour cela que, lorsqu'il s'en sentit capable, il quitta la chambre qu'on lui avait assigné. Trop grande, trop propre, trop froide. La compagnie de Wong lui avait fait énormément de bien, mais Wong n'était pas l'homme qui avait hanté ses pensées pendant presque un an. Lorsqu'il arriva, lentement, se réhabituant doucement à marcher, Stephen écarquilla les yeux, et chercha son majordome du regard. Mais Wong brillait par son absence, étant sorti faire quelques courses pour remplir le frigo : le Sorcier se leva rapidement, le cœur battant la chamade, en rattrapant délicatement le mutant. Tommy enlaça Stephen et s'y accrocha comme un désespéré, enfouissant son visage dans le creux de son cou. Stephen resta un moment immobile, les bras à moitié tendu, avant de les refermer timidement sur lui, précautionneusement, comme s'il craignait de le briser. Il caressa doucement son dos de ses mains.

« Tommy ?
- Stephen... »


Le mutant resserra légèrement sa prise. Sa voix était encore un peu faible, elle n'était pas teintée de son habituelle joie de vivre, mais cela pouvait se comprendre. Il repoussa doucement le jeune homme, à bout de bras, pour le détailler en silence. Il appréciait ce qu'il voyait, cela le rassurait un peu plus tous les jours. Il releva l'une de ses mains pour effleurer la joue de Tommy du pouce, avant de demander :

« Qu'est-ce que tu veux, Tommy ? De quoi as-tu besoin ? »

Tommy observa longuement Stephen. Si le Sorcier avait pu le détailler à loisir, lui n'en avait pas vraiment eu l'occasion. Il se sentait infiniment soulagé de se tenir là, près de lui, de retrouver ce regard argenté, de découvrir ces nouvelles mèches. La nouvelle lueur de tendresse qui dansait au fond de ses yeux, cette patience et cette modestie qu'il n'avait pas auparavant. Tommy avait besoin de lui, de ses bras, de sa présence pour avancer. Il ne voulait pas que ça continue comme ça ; avec le brun qui s'occupait de lui uniquement lorsqu'il n'aurait pas à affronter son regard ou à lui donner des explications. Il ne voulait même pas d'explications, il le voulait juste lui, apprendre à découvrir ce nouveau Doctor Strange revenu du Tibet avec un majordome et quelques tours de magie.

« Je... J'aimerai un bain, s'il te plaît. »

Stephen hocha la tête, et le fit basculer dans ses bras pour le porter dans la salle de bain, faisant apparaître l'eau d'un claquement de doigt, avant de déposer Tommy sur le tapis de bain pour se retourner pudiquement et le laisser faire. Pas qu'il ne l'ai jamais vu nu, ni même récemment – et il aurait adoré contemplé le mutant en tenu d'Adam pour voir à quel point il s'était rétablie – mais il avait le sentiment de ne plus avoir sa place si proche de Tommy. Il ne savait même pas à quel point il était heureux, ou non, d'être ici. Il ne savait pas non plus ce que le jeune homme pensait de lui : il se refusait catégoriquement à pénétrer dans son esprit pour le découvrir. Il voulait faire les choses bien. Lorsqu'il entendit le bruit du corps s'immergeant dans l'eau, puis le soupire de satisfaction de la sirène, il s'autorisa à se retourner. Un léger sourire étira ses lèvres en voyant la belle queue de sirène brillant de toutes ses écailles. Il aurait détester la voir comme lorsque Tommy était mourant.

« Tu as besoin d'autre chose ? Tu veux manger, boire ?
- Non, non, merci...
- Très bien, alors... Appelle moi si tu v-
- Stephen, reste avec moi, s'il te plaît. J'ai besoin de toi, de te voir, de te parler... Arrête de me fuir… S'il te plaît. »


La vérité dans les paroles de Tommy fit quelque chose à son cœur, mais il n'aurait su dire s'il se serrait de tristesse ou explosait de joie. Alors qu'il avait commencé à se lever pour partir, il revint doucement s'asseoir sur la chaise installée tout près de la baignoire. Lui aussi en avait envie, profondément, mais il était également anxieux à l'idée d'être confronté à la réalité de ce qu'il lui avait fait subir, même s'il ne voyait aucune rancune ni aucune haine dans le regard de Tommy. Et ce fut Stephen qui craqua le premier :

« Je suis désolé, je suis désolé Tommy, pour tout ce que je t'ai fait, directement ou indirectement, pour tout ce que tu as subit ces derniers mois... Je te demande pardon, mais c'est impardonnable... Je... J'ai changé, je te le promets, alors... Je t'en supplie, pardonne-moi, pardonne-moi et reste ici, reste vivre avec moi, s'il te plaît...
- Stephen...
- Je... Je t'en supplie, réfléchis-y. Je t'en prie. Si jamais... Si jamais tu ne veux plus entendre parler de moi, je comprendrais et je ne m'y opposerait pas, je te le promets. Je t'aiderai à te reconstruire, où tu veux, pourquoi pas à Londres ? Et tu n'entendras plus jamais parler de moi si c'est ce que tu désires, mais... Pense à nous, pardonne-moi, je suis désolé... »


Tommy sentit sa gorge se nouer, et il sorti un bras de l'eau pour poser doucement sa main sur la joue de Stephen. Il l'observa, un instant, et esquissa un léger sourire.

« Je l'ai vu, que tu avais changé. Je le vois et je le sens, Stephen, pour le meilleur... » il prit son temps, profitant de la situation pour le détailler à nouveau : « Et je n'ai pas à réfléchir, je… Celui que tu es aujourd'hui n'est pas celui qui a été mon bourreau. Mes sentiments pour toi n'ont pas changé, Stephen, et je... Je te pardonne. Vivre avec toi est tout ce dont j'ai toujours désiré... »

Stephen esquissa un léger sourire ému, et posa une main sur celle de Tommy avant de tourner la tête pour déposer un baiser au creux de sa paume.

oOoOo

Au dîner, Wong fut plutôt étonné de trouver Tommy à la table avec eux. Étonné, mais également assez satisfait : il n'avait pas, jusque là, pu observer les deux amants évoluer ensemble. Il avait remarqué avec une certaine surprise la prudence de Stephen vis à vis de Tommy, et avec quelle ardeur il fuyait la confrontation. Il avait noté toute la tendresse du jeune homme en convalescence, sans jamais la voir à l’œuvre. Le spectacle qui s'offrait à lui ce soir-là n'était, il le savait, que les prémices de leur relation, mais il comprenait déjà pourquoi et à quel point il avait été important, pour Strange, de sauver le mutant. Il n'aurait jamais imaginé le Sorcier être aussi à l'écoute des désirs de quelqu'un, faisant de son mieux pour y répondre avant même que ceux-ci ne soit formulé par son compagnon, désirant vraisemblablement mériter le pardon déjà accordé depuis longtemps. Et il voyait peu à peu naître le rayon de soleil qu'était Tommy. Ses légers sourires intimidés, ses regards, ses gestes invitant à la tendresse, rassurant Stephen sans même s'en rendre compte... Il ne pouvait pas ignorer l'harmonie, encore jeune et timide, de ces deux-là, et il se demanda soudainement comment le Sorcier avait pu se comporter auparavant. Mais le rire du mutant le tira de ses réflexions (il n'était finalement pas certain de vouloir savoir), et il vit tellement de bonheur dans les yeux du Sorcier Suprême qu'il cru que celui-ci allait fondre en larmes.

Mais le temps des larmes étaient révolu. A la fin du repas, Stephen fit disparaître la vaisselle pour pouvoir libérer tout le monde plus rapidement. Tommy était encore un peu fatigué : il lui faudrait encore un peu de repos, même si le plus dur était derrière lui. Il pourrait enfin arrêtez de voir le médecin – mais certainement pas le docteur. Le mutant glissa sa main dans celle du Sorcier, et entrelaça doucement leurs doigts avec un léger sourire.

« Tu veux... Dormir avec moi ? » demanda Stephen dans un murmure hésitant.

Tommy hocha la tête avec un entrain qu'il ne pu retenir, et entra pour la première fois dans la chambre de son amant, qu'il pris le temps d'observer. Elle était spacieuse, et de grande baie-vitrée donnaient sur une petite terrasse pleine de plantes bien entretenu. Dans des couleurs chaudes, elle semblait beaucoup plus accueillante que la chambre qu'il avait pu avoir. Le lit lui paraissait immense, plus grand que le lit deux-places qu'on lui avait attribué ici durant sa convalescence, mais également incroyablement confortable. Deux portes coulissantes sur l'un des murs lui laissa imaginer un accès à une salle de bain privative et à un dressing. Stephen suivit son regard :

« On te rachètera tout ce dont tu as besoin, je ne pense pas qu'on puisse récupérer grand-chose de ton appartement...
- Mes photos, mon appareil... »


Stephen sourit légèrement en repensant à l'appareil qu'il lui avait offert. Il irait lui ramener cela dès le lendemain.

« Oui, ça, on pourra. Pour le reste...
- Je n'ai besoin que de toi.
- Et je suis là... »

Doucement, le Sorcier se sentait apaisé, heureux, détendu. Il retrouvait ce sentiment qui l'avait poussé à tant partager avec Tommy, avant qu'il ne le fasse plonger en Enfer – le même sentiment mais en plus fort, plus pur. Le mutant glissa doucement ses bras autour de son cou ;

« Embrasse-moi, maintenant. »

Sur le coup, le brun fut légèrement surpris par la demande de son compagnon, mais ne se fit pas prier. Pour la première fois depuis trop longtemps, il retrouvait le goût et la douceur de ses lèvres tandis qu'il lui offrait un tendre baiser, auquel Tommy répondit. Ils le prolongèrent aussi longtemps que le leur permit leur souffle, et le plus jeune reposa doucement sa tête contre l'épaule de son aîné ;

« Je crains d'être encore trop fatigué pour pouvoir t'offrir plus...
- Je n'ai pas besoin de plus, Tommy. Je n'ai besoin que de toi. Le reste prendra le temps qu'il te faudra, et peu importe si cela doit durer des décennies. »


Tommy fut plus touché par ces paroles qu'il ne voulait bien l'admettre ; même s'il voyait bien que le Stephen qui se tenait face à lui, avec ses mèches blanches et sa barbe, était différent du Stephen qu'il avait rencontré la première fois... Entendre ce qu'il venait de lui dire le rassurait un peu plus. Là où le chirurgien avait profité de la première occasion pour réaliser ses fantasmes, le Sorcier lui laissait le temps de choisir le moment qu'il jugerait approprié. Il appréciait énormément, et se glissa sous les couettes, rapidement rejoint par son compagnon. Il se blottit doucement dans ses bras puissants entre lesquels il se sentait en sécurité, et soupira d'aise avant de le saluer d'une voix tendre :

« Bonne nuit. Je t'aime, Stephen.
- Je t'aime aussi, Tommy... »

Finalement, le Docteur Strange avait la satisfaction de tenir sa plus grande réussite entre ses bras. Et quelque chose lui disait qu'il ne s'agissait que d'un début...

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MessageSujet: Re: In the mid'night   In the mid'night - Page 3 EmptySam 16 Juin - 17:16





Epilogue 01 : The song of happiness
...


New York, 1951.

Quelques semaines avaient passé depuis que Tommy et Stephen s'étaient rapproché l'un de l'autre, et que le mutant avait recommencé à pouvoir se déplacer de lui-même et occuper la maison non pas simplement comme un homme en convalescence. Cette nouvelle liberté de pouvoir participer à la vie dans l'appartement à part entière, mais également de pouvoir interagir avec ses occupants sans être totalement groggy l'avaient certainement aidé à se remettre de ces derniers mois difficiles plus rapidement. Il avait à présent repris une contenance et un physique normal, quoi qu'encore légèrement plus mince qu'il ne l'avait été. Le mutant faisait du sport sous la direction de Wong, qui l'accompagnait généralement sur les machines que leur avait installé Stephen : le majordome désirait s'entretenir afin de pouvoir assurer son rôle (et ne pas s'encrasser dans la nourriture américaine), et encourageait le mutant afin qu'il retrouve sa force et les muscles qu'il lui manquait encore. Même si Tommy rêvait de natation, il ne crachait pas sur les tapis de course ou vélo d'appartement, et l'ardeur avec laquelle il faisait des efforts réchauffait le cœur du Sorcier Suprême qui pouvait ainsi accomplir ses devoirs, le cœur en paix. Ses méditations étaient beaucoup plus faciles depuis que Tommy était venu le trouver et lui avait pardonné, et il n'avait plus à s'inquiéter que son état puisse chuter à nouveau.

Au-delà de l'état de santé physique du mutant, son état psychique s'était également énormément amélioré. Il avait retrouvé le sourire, et il n’était pas rare d’entendre son rire résonner à travers l’appartement. Il lui semblait redécouvrir le monde – techniquement, c’était ce qu’il lui arrivait, puisque Stephen n’était rien de moins que le Sorcier Suprême de la Terre. Il avait tout d’abord montré un vif intérêt dans la pratique de la magie, mais comme son compagnon lui avait formellement interdit d’y toucher, il se contentait d’exprimer une grande curiosité pour toutes ces choses étranges qui s’offraient à lui. Mais plus qu’un nouveau monde magique, il redécouvrait Stephen, comme Stephen le redécouvrait. Ils apprenaient à se connaître, à tester leurs limites, à vivre ensemble. Ce n’était pas toujours simple, au début, de ne pas empiéter l’un sur l’autre, mais à force de douceur, d’écoute et de compassion (et également d’un peu d’aide de Wong), ils réussirent à atteindre et à conserver une certaine harmonie, un peu plus solide chaque jour.

Pourtant, Tommy voyait bien que, depuis quelques jours, Stephen semblait tourner en rond. Il était agité, ne tenait pas une occupation plus d’une heure, était à deux doigts de s’arracher les cheveux car il en trouvait pas la concentration nécessaire pour méditer autant qu’il le voudrait – ou autant qu’il le devrait. Quand il demandait à Wong, afin de ne pas déranger son amant dans ses occupations infructueuses, celui-ci restait assez évasif. Le mutant termina de couper les tomates avant de les faire glisser dans le saladier, et lava ses mains avant de rejoindre Stephen, posant doucement une main sur son épaule ;

« Chéri ? »

Le Sorcier tourna la tête vers lui, et sourit face à l’air inquiet de Tommy, son petit nez plissé et ses sourcils légèrement froncés. Il déposa un rapide et chaste baiser sur ses lèvres, avant d’envoyer sa cape sur le porte-manteau d’un léger mouvement de la main. Cela eu pour effet de détendre légèrement le mutant, qui s’autorisa à sourire.

« On s’en va, Tommy.
- On s’en va ?
- Oui, on déménage. A Greenwich Village.
- Le quartier gay ? »


Stephen marqua un arrêt en arquant un sourire, bien arrondi par la surprise. S’il s’était attendu à ça. Il semblait néanmoins que Tommy en soit lui-même tout à fait surpris, ainsi que légèrement ravi. Le Sorcier devait avouer ne pas du tout avoir pensé à cette réputation qu’avait le quartier de Greenwich Village, mais il supposait que cela allait de pair avec l’excentricité de son statut. Néanmoins, Tommy semblait finalement assez heureux, et son aîné posa doucement une main sur sa joue pour rectifier :

« Oui, mais on n’y va pas pour ça. Il y a… Une maison, là-bas, appelé le Sanctum Sanctorum : le Saint des Saints. C’est en quelque sorte la maison de fonction du Sorcier Suprême. Je voulais attendre que tu sois bien remis avant d’y aller, et puis… J’appréhendais un peu de te l’annoncer, je crois.
- Elle est hantée ?
- Uh ? Je… Non. Elle est magique, elle nous défendra si besoin, mais elle ne t’attaquera pas. Je te le promets. »


Tommy laissa échapper un soupire rassuré en venant se blottir contre le torse de Stephen. Il déposa un baiser sur sa mâchoire par la même occasion, et pouffa légèrement :

« J’ai eu peur que vous ayez des problèmes… Magiques, avec Wong. Mais tout va bien, alors. Personne ne viendra nous embêter là-bas, pas vrai ? Il faudra faire attention, bien entendu, mais… On pourra vivre, tranquillement ?
- On pourra vivre aussi tranquillement qu’un Sorcier Suprême peut vivre, Tommy, je te le promets. Tu as bien mérité ça.
»

Stephen passa affectueusement une main dans les cheveux de son compagnon, lui rendant son sourire. Il avait hâte de quitter cet appartement qui, bien qu’ayant été fort agréable ces dernières semaines, ne lui rappelait que trop sa vie et ses déboires passé. Il voulait effacer totalement de leur vie les traces de ses erreurs et des conséquences qu’elles avaient eu. Oh, il se doutait bien que jamais Tommy ne pourrait oublier cette période sombre de sa vie, mais éviter que leur environnement ne le lui rappelle constamment était déjà un bon point. Il avait déjà commencé à avancer, ensemble, tous les deux. Maintenant, ils allaient pouvoir construire un avenir. Une petite famille composée de Tommy, Stephen, et même Wong. Le Sorcier releva les yeux vers son majordome, conscient qu’il lui devait beaucoup, et même s’il savait que Wong ne cesserait jamais de l’appeler « Maître » et d’appeler Tommy « Monsieur », il y avait entre eux plus d’amitié qu’une relation d’employeur à employé. En sommes : ils seraient tous soudés, et c’était bien plus qu’il n’avait pu l’espéré il y avait encore quelques mois à peine.

« Alors, on y va. »

Tommy eu à peine le temps de cligner des yeux qu’il ne se trouvait plus à l’intérieur de l’appartement, mais dehors, sur le trottoir d’un quartier assez chic et tranquille et, face à lui, une maison bien plus grande qu’il n’aurait pu en rêver. Elle se distinguait des autres en bien des manières et le mutant n’eut pas besoin de demander pour comprendre qu’il s’agissait de la demeure dans laquelle ils allaient à présent vivre. Il sentit ses yeux s’embuer, mais chassa ses larmes du revers de sa main. Son « sonar » se manifesta, mais ce n’était pas pour lui indiquer d’intention hostile ou un destin funeste, non. Il en fut même surpris : il avait vécu avec cette alerte en permanence, qui ne cessait jamais et qui l’épuisait, durant de nombreux mois. De sa rupture avec Stephen jusqu’à ce que celui-ci ne vienne le sauver, en fait. Il avait été surpris lorsque celui-ci s’était tût. Il avait d’abord eu un sentiment de vide, quelques temps, puis de plénitude : il n’avait plus rien à craindre. Aujourd’hui, c’était différent. Aujourd’hui, il savait que tout allait bien se passer, que ce nouveau départ serait le bon, et qu’ils seraient heureux ici.

Alors, comme Stephen attendait visiblement une réaction, Tommy – dans un élan de bonheur pur – attrapa son col pour l’embrasser avec tendresse et passion, au milieu de la rue, se moquant éperdument qu’on puisse les surprendre. Après tout, il savait qu’à présent, tout irait bien. Stephen eu tout de même la présence d’esprit de les cacher aux yeux du monde le temps que dura leur baiser, surpris – mais attendri et rassuré – par l’audace de son amant. Il sourit tendrement, et sa main fit son chemin le long du bras du mutant pour trouver la main, et entrelacer leurs doigts avec un grand sourire :

« Toutes les affaires sont déjà à l'intérieur. Viens, je vais te faire visiter. »


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MessageSujet: Re: In the mid'night   In the mid'night - Page 3 EmptySam 16 Juin - 17:16





I will always love you - Fin
...


New York, 2012.

La ville avait bien changé, depuis qu’ils s’étaient remis ensemble, depuis qu’ils avaient emménagé dans le Sanctum Sanctorum. Il s’était passé plus d’un demi-siècle, soixante-et-un ans très exactement : et pourtant, ils n’avaient pas bougé d’un poil. Ils semblaient toujours aussi jeunes et fringuant que cette nuit où Tommy avait pris son compagnon dans ses bras pour la première fois depuis des mois, ou que celle-ci où Stephen avait pu goûter au mutant pour la première fois depuis bien trop longtemps. Et pour cause : ils ne vieillissaient plus. L’un comme l’autre, et Wong avec : les pouvoirs de Sorcier Suprême du maître de maison leur accordait cette chance inouïe. Tommy avait d’abord été anxieux à l’idée de pouvoir vivre éternellement, mais ces soixante dernières années n’avaient pas été de trop pour lui. Il n’avait, de toutes manière, pas vraiment d’amis qu’il laissait derrière lui pour embrasser sa jeunesse immortelle : les rares qu’il avait pu avoir, en son temps, lui avait tourné le dos et craché dessus dès que son homosexualité avait été révélée et, pour se reconstruire, il n’avait pas eu besoin de personne d’autre que Stephen et Wong.

Mais s’il n’y avait que les années qui s’étaient écoulés. Il s’en était passé, des choses, en ce bas-monde, que Tommy avait regardé à la fois avec appréhension et joie, douleur et excitation. La mort de Kennedy, la fin de la guerre froide. La technologie avait évolué si rapidement que cela aurait presque pu lui sembler magique, si son compagnon n’était pas lui-même un sorcier. Une fois qu’il n’eut plus de craintes de se retrouver face à ses vieux et anciens collègues, avec les encouragements de Stephen, Tommy s’était remis à chercher un travail. Les mutants n’étant plus aussi mal vu qu’ils auraient pu l’être à son époque, il n’eut aucun mal à décrocher un job dans l’aquarium de New-York, où il devint rapidement soigneur : après tout, ses patrons avaient bien vite remarqué à quel point les animaux semblaient l’apprécier, et comment la sirène semblait parvenir à les apaiser et à savoir exactement ce qui n’allaient pas. Il assistait même parfois les dresseurs, et n’avait jamais semblé plus épanouie dans son travail. A côté de ça, le jeune homme avait continué, ou repris, sa passion pour la photographie. Les nouvelles technologies en la matière l’émerveillaient, et il avait à présent beaucoup plus de possibilités qu’auparavant : mais son petit plaisir coupable restait de faire développer les photos, et une étagère dans la bibliothèque du Sorcier Suprême était dédié à ses albums.

Stephen était resté assez imperméable et hermétique à toutes ces nouvelles technologies. Les téléphones portables, les ordinateurs et internet ne l’intéressaient pas vraiment, et la télévision ne lui plaisaient que parce qu’elle pouvait parfois le divertir. Tommy comprenait son état d’esprit parce qu’après tout, pourquoi aurait-il besoin d’un smartphone alors qu’il était Sorcier Suprême ? Cela ne l’avait pour autant pas empêché, avec Wong, d’installer la fibre au Sanctum Sanctorum afin de pouvoir naviguer – et jouer, parfois – en toute tranquillité, notamment pour partager ses photos sur Tumblr ou, l’une de ses nouvelles applications favorites, Instagram. Il avait également fait la connaissance de nouveaux héros émergeant au fil du temps, dont Stephen lui parlait parfois – ce dernier restant, aux yeux de Tommy, LE héros, quoi qu’il ne soit absolument pas objectif. L’attaque que New York avait essuyée en 2012 avait, d’après son compagnon, permis de créer une équipe de héros, les Avengers, mais Tommy ne s’y était alors pas plus intéressé que ça, étant en voyage avec son compagnon – voyage fort plaisant, du reste.

Mais, enfin, l’une des choses qui avait évolué et certainement aidé Tommy à s’affirmer, était les droits des homosexuels, émergeant peu à peu. Au moins, sans s’exhiber non plus, ils n’étaient pas traqués, ne risquait pas de finir en prison ou il ne savait trop quoi. Pouvoir vivre sans se cacher, en étant lui-même, lui avait fait un bien fou. Il repensait à tout ça, à toutes ces évolutions bienvenues qu’il avait connu ces dernières années, en fermant les yeux devant le miroir. Sa relation avec Stephen avait elle aussi évoluée, pour le meilleur. Il sentait ses entrailles se tordre avec délice, et un sourire se former sur son visage, en replongeant une année en arrière.

New York, 2011 – un an plus tôt.

Stephen était nerveux. Plus nerveux encore que la dernière fois qu’il avait dû affronter Mordo après que celui-ci ait laissé entendre qu’il avait peut-être capturé Tommy sur le chemin de l’Aquarium, ce qui pouvait tout aussi bien être vrai qu’un leurre : et il s’était avéré que le sorcier avait menti, mais cela n’avait pas empêché Stephen d’être réellement anxieux. Le Sorcier Suprême pris une grande inspiration en détachant sa cape humide de ses épaules pour l’accrocher au porte-manteau, et tapoter un repli de son vêtement de Sorcier. Devait-il se changer, ou pouvait-il resté comme ça ? Etait-il préférable de rester tranquillement à la maison, ou valait-il mieux se téléporter sur une étoile ? Il lança un regard plein de détresse à Wong, qui passait devant l’entrée en lui indiquant d’un signe de tête que le mutant se trouvait dans le salon. Rien de plus. Pas d’encouragement, pas de conseil. Il ferait avec.

Après avoir pris une grande inspiration, le Sorcier traversa la maison jusqu’au salon, où Tommy était effectivement en train de lire, recroquevillé dans son fauteuil et emmitouflé dans un plaid léger pour rester bien au chaud entre ces murs épais, malgré le mois de Juin bien avancé. Il pleuvait, au-dehors, et les températures avaient assez baissé pour qu’ils aient la sensation d’avoir froid, quoi qu’il fasse plus de quinze degrés. Le mutant releva les yeux vers lui avec un grand sourire, et remis son marque-page en place avant de poser le livre, pour pouvoir aller enlacer le Sorcier Suprême. Stephen lui rendit doucement son étreinte avec un léger sourire, et murmura à son oreille en glissant une main dans ses cheveux pour les caresser tendrement :

« Tommy… Va mettre un manteau, je veux te montrer quelque chose. »

Le mutant releva vers son amant un regard légèrement surpris, énormément curieux, mais sourit en hochant la tête, et lui vola un baiser avant de s’éclipser à l’étage pour aller chercher de quoi se couvrir. Stephen inspira une nouvelle fois, et se sentit idiot d’avoir ôter sa cape pour la remettre immédiatement. Il pris néanmoins le temps de la sécher magiquement, avant de la raccrocher sur ses épaules : il en eu tout juste le temps, avant que Tommy ne revienne vers lui avec un large sourire aux lèvres, et ne s’accroche à son bras.

« Où va-t-on ?
- Tu le verras bien assez tôt. »

La moue du mutant lui arracha un sourire amusé, et il ferma les yeux pour se concentrer, avant de les téléporter sur une grande terrasse en pierre, à belle altitude. S’ils n’étaient pas au sommet d’une montagne, ils n’en étaient pas loin. Tommy glissa ses doigts entre ceux de Stephen pour prendre sa main, et s’approcha doucement du bord pour pouvoir mieux observer le paysage. Mais le Sorcier l’amena doucement vers lui pour lui faire effectuer un demi-tour, et le mettre face à ce qui ressemblait à un temple. Un temple tibétain, pour être précis, d’une architecture époustouflante.

« Kamar-Taj ? » demanda Tommy, à vois basse.
« Oui. Kamar-Taj.
- Il n’y a personne ? »


Tommy avait relevé les yeux vers Stephen, avec toute l’innocence dont il était capable et qui le caractérisait. Et malgré la tristesse de sa réponse, et l’absence de vie du lieu, il se sentait heureux au fond de lui-même.

« Non, personne… »

Tommy reporta son attention sur le temple, pour mémoriser le moindre détail de la façade. Il tentait de s’imaginer les sorciers vivant ici en communauté, s’entraînant, partageant leur savoir, étudiant. Et il tentait de se représenter Stephen, au milieu. Pour répondre à la question muette que le Docteur Strange sentait naître dans l’esprit de son compagnon, il reprit doucement en l’entraînant vers l’intérieur :

« Mordo a profité du carnage qu’il avait provoqué avec Dormammu. »

Et il n’avait pas été là pour eux, quand bien même ce fut l’Ancien lui-même qui lui ait ordonné d’aller sauver Tommy. Peut-être était-ce mieux comme ça, au fond. Cela faisait moins de sorciers pouvant potentiellement se rallier à Mordo. Il entraîna Tommy à sa suite pour lui faire visiter Kamar-Taj, lui racontant plusieurs anecdotes sur lui ou Wong, jusqu’à arriver à son ancienne chambre. Il lâcha doucement la main de la sirène, qui fit quelques pas à l’intérieur pour pouvoir s’en imprégner, et remarqua avec un certain amusement la photo de lui accroché sur la table, dont la couleur commençait à passer avec l’âge.

« Je n’aurai jamais cru trouver ça ici.
- J’ai pourtant pensé à toi bien plus que tu ne peux l’imaginer.
- Je ne le savais pas, à l’époque. »


Soixante-ans plus tôt, en 1950, Tommy n’aurait jamais cru que Stephen avait pu penser à lui.

« J’étais encore arrogant, mais je crois que j’avais déjà compris, au fond de moi, que j’avais besoin de toi. Et qu’en tant qu’homosexuels, et mutant pour ta part, devenir sorcier n’était pas de trop pour nous assurer une vie… Tranquille. Si, au début, je ne pensais qu’à guérir mes mains, cette réalité s’est très vite imposée à moi, de manière peut être inconsciente. Mais j’avais cette photo, et elle me poussait à faire toujours plus d’efforts. Je savais que c’était la seule manière de réparer tout le mal que j’avais causé, et quand je t’ai retrouvé…
- Eh, eh, soulmate… »
Tommy avait pris l’habitude d’appeler Stephen ‘‘soulmate’’, alors même que celui-ci ne lui avait jamais rien dit à ce propos. Cela rendait leur lien d’autant plus authentique, et rassurait un peu plus le Sorcier à chaque fois qu’il s’entendait être gratifié de ce petit surnom : « C’est fini, maintenant. Tout va bien. Tu m’as sauvé.
- Pas vraiment, non… »


Sa voix se brisa, et devant l’expression surprise et choquée de Tommy, il prit doucement ses mains pour l’entraîner sur son lit, où ils s’assirent tous les deux. Il chercha le courage dans les pupilles bleues de son amant, le courage de lui révéler ce qu’il avait caché depuis plus d’un demi-siècle. Il voulait avancer, à présent, et tout révéler à son amant.

« Tu es mort, Tommy. Je n’ai pas été assez courageux, ni assez rapide, et tu es… Mort. Je t’ai vu mourir, par ma faute, j’ai assisté à ton enterrement. Je me suis laissé abattre, et… » Il s’humecta les lèvres, et lâcha un gros soupire. « J’ai brisé les lois de la nature. Wong ne voulait pas, mais l’Ancien m’avait dit qu’en te perdant, je perdais la moitié de mon âme et je ne serais plus apte à remplir mes devoirs comme il le fallait. J’ai remonté le temps, Tommy, pour te sauver sans perdre une seule des précieuses secondes qu’il te restait. Il a fallu que je te perde une fois pour te retrouver… »

Tommy en resta muet. Stephen, qui avait baissé les yeux, sentit sa gorge se nouer sous l’anxiété revenue à l’assaut. Il ne voulait pas sonder son amant, mais il avait peur de sa réaction. Légitimement, il pouvait lui en vouloir. Légitimement, il… Le mutant posa ses mains sur les joues de Stephen, fébrile, choqué par ce qu’il venait d’apprendre, mais il posa délicatement ses lèvres sur celles du magicien.

« Le… Le résultat reste le même, soulmate. Tu m’as sauvé. Et tu as failli tout sacrifier pour moi… Ne pense pas un seul instant que je t’en veuille pour ça, je t’aime. »

Un sourire vint doucement éclaircir le visage du Sorcier Suprême, qui repoussa doucement son âme-sœur en prenant un air soudainement plus solennel. Il glissa une main tremblante dans un repli du tissu de sa tenue, pour en sortir un petit écrin, sans lâcher le mutant du regard. Il vit d’abord de l’incompréhension dans ses yeux, puis de la surprise, mais Stephen était persuadé que Tommy avait compris où il voulait en venir. Quelques jours plus tôt, plus exactement le 24 Juin, une loi autorisant le mariage homosexuel avait été voté à New York, et elle serait adoptée un mois plus tard. Il n’en avait pas fallu beaucoup plus à Stephen pour se décider à franchir le cap. Il y avait déjà pensé, par le passé, mais jamais sérieusement, car ils n’auraient jamais eu le droit d’officialiser un quelconque mariage. A présent, cela devenait possible.

« Tommy Summerfield… Veux-tu m’épouser ? »

Le mutant hocha vigoureusement la tête avec un grand sourire, et revint embrasser Stephen avec fougue :

« Oui, je le veux. »

Stephen sourit contre ses lèvres, et pris doucement sa main pour y glisser l’anneau de fiançailles. Le cœur de Tommy battait à tout rompre et, après avoir observé l’anneau avec des yeux remplie de joie et d’admiration, il revint embrasser son fiancé avec un peu plus de fougue. Les mains du Sorcier firent glisser la fermeture éclair du manteau de Tommy pour l’en débarrasser, afin de pouvoir l’enserrer dans ses bras et le sentir contre lui.

« Tu me disais que c’était ton lit ?
- Oui… »


Stephen allait lui demander pourquoi une telle question, mais la flamme qui brillaient dans les yeux de son amant le laissait que peu de place à l’imagination. Il esquissa un sourire en continuant de le dévêtir, bientôt imité par son amant, et il fit basculer le mutant sur le lit qui avait été le sien durant sa formation de sorcier. Il s’empressa de répondre aux demandes de son fiancé avant que celui-ci ne les formules, laissant ses lèvres glisser sur chaque millimètre de sa peau pour y laisser quelques baisers, y goûtant parfois avec un peu plus d’ardeur. Lorsqu’il revint à la bouche de son amant, brûlante de désir, ils s’unirent durement, longuement, jusqu’à tomber d’épuisement et rester dans la couchette bien plus longtemps que Stephen ne l’avait envisagé en emmenant Tommy à Kamar-Taj…

New York, 2012 – présent.

Tommy rouvrit les yeux, rougissant légèrement en sortant de ce souvenir. Un an plus tôt, plus ou moins, Stephen l’avait demandé à mariage. Et, aujourd’hui, le 26 Avril 2012, ils allaient enfin célébrer leur union. Il avait le cœur battant lorsque Wong vint le chercher. Le tibétain avait pris un certain plaisir à être le témoin de Tommy, alors que Stephen était accompagnée par Brunnhilde. Celle-ci s’était avérée être une Valkyrie amnésique, piégée par l’Enchanteresse Amora, que Stephen avait sauvé quelques décennies plus tôt. Depuis, elle passait souvent à la maison, et était devenue une grande amie des Strange, même si Tommy avait dû s’habituer à ne plus la voir comme le canon de beauté féminine qu’il devait photographier, à l’époque. Il ne s’en sortait plutôt pas mal mais, par principe, Wong préférait que ça soit lui qui accompagne le mutant, et non l’inverse.

Lorsqu’ils arrivèrent à la mairie, Stephen était déjà prêt, et les attendait avec une certaine anxiété que Tommy pouvait lire dans sa posture, quoi qu’il fallait bien être Tommy pour parvenir à le lire avec autant de précision. Il avança jusqu’à se retrouver face à Stephen, et le dévora du regard sans aucune retenue, bien trop heureux et émerveillé par ce qu’il voyait pour faire preuve de son habituelle pudeur. Stephen était magnifique dans son costume, tiré à quatre épingles. Il lui rappela vaguement le Stephen qu’il avait connu, au début. Le chirurgien plein aux as qui savaient toujours s’habiller comme il le fallait, et qui ne supportait pas la médiocrité des tenues de classe moyenne que pouvait porter Tommy. Le mutant portait d’ailleurs le costume que Stephen lui avait offert, à cette époque, retouché, arrangé pour qu’il soit le plus beau possible, mais celui-là même que le chirurgien avait offert au journaliste, symbole du temps qui avait passé depuis leur première rencontre, et du trajet qu’ils avaient fait, ensemble, jusqu’à aujourd’hui. Tommy su que Stephen l’avait remarqué, et ses yeux s’embuèrent. Il sut néanmoins se retenir jusqu’à la fin de la cérémonie, et à la signature du contrat. Ils se jetèrent presque l’un sur l’autre, trop heureux de se retrouver enfin, séparer depuis le matin même parce qu’il ne fallait pas voir le costume de l’autre avant le l’instant T – cela portait malheur, apparemment. Ils s’embrassèrent avec tendresse et passion, sous les applaudissements des quelques personnes qui avaient été convié à l’heureux évènements.

Il n’y avait pas grand monde, seulement les personnes les plus importantes aux yeux du couple, et cela leur suffisait largement. Ils passèrent d’ailleurs un à un devant le couple pour les féliciter, et Tommy écarquilla légèrement les yeux lorsqu’une chevelure rousse se présenta à eux. Il ne mit pas longtemps avant de se souvenir de qui il s’agissait, mais qu’elle soit encore là pour se tenir devant eux, voilà qui était réellement surprenant. Tommy la sonda du regard, comme s’il n’osait y croire, et demanda doucement :

« … Natasha ?
- Elle-même. »
la femme esquissa un sourire : « Félicitation. J’ai cru que ça n’arriverait jamais.
- Ca ne serait peut-être jamais arrivé sans toi. »
Stephen avait parlé d’une voix grave, sérieux : « Elle a fait pour toi beaucoup plus que ce que je lui avais demandé. »

Natasha haussa légèrement une épaule, et leur sourit une nouvelle fois avant de rejoindre les autres, glissant son main dans le creux d’un bras en métal, appartenant certainement au blessé de guerre qui devait être son compagnon.

« Comment ?...
- Expériences russes, pour ce que j’en sais. Elle est aussi vieille que nous, mais continue de vieillir.
- Cela ne se voit pas…
- Pas encore. »
Stephen sourit et glissa doucement son bras autour de la taille du mutant. « Mais ce n’est pas le temps de penser à ça, n’est-ce pas ? »

Tommy esquissa un sourire en coin, amusé, et Wong se racla la gorge, les rappelant à l’ordre. Ils avaient encore un repas à assurer, avant de pouvoir disparaître pour leur nuit de noces. Tommy rit doucement, donnant raison à leur majordome. Ils avaient toute la vie devant eux, et plus encore. Les jeunes mariés traînèrent un peu dans la salle, enlacé, profitant de quelques secondes de calmes avant le repas de leurs noces qui s’annonçaient animés. Stephen fit glisser un doigt sur la joue du mutant, qui vint lui voler un baiser, avant de lui murmurer :

« Jusqu’à ce que la mort nous sépare…
- Elle a déjà tenté une fois, soulmate, elle n’a pas réussi. Il faudra bien plus que ça pour nous séparer.
- Tu as raison. »
admit le sorcier avec un sourire amusé.

Tommy posa ses mains sur les épaules de Stephen et se hissa sur la pointe des pieds pour venir l’embrasser à nouveau, tendrement, profondément, jusqu’à manquer de souffle, et le serra doucement dans ses bras avant de le relâcher pour plutôt attraper sa main.

« Vien, on va se faire attendre.
- Oh, c’est relatif, quand je peux contrôler le temps.
- Il ne faut pourtant pas en abuser !
- La voix de la sagesse. »


Stephen esquissa un sourire en coin, et déposa un dernier baiser sur la tempe de son mari avant de l’entraîner au-dehors. Le soleil d’avril était radieux, mais pas autant qu’ils pouvaient l’être, eux. Leurs doigts entrelacés et deux cœurs battant à l’unisson, il savait qu’un avenir toujours plus radieux se dessinait devant eux, peu importe les épreuves qu’ils auraient à surmonter.


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